Le Sénat a adopté jeudi une proposition de loi de Nicolas About (Union centriste) et Sylvie Desmarescaux (UMP) qui supprime la rémunération des stages obligatoires de fin d'études pour les élèves éducateurs et futures assistantes sociales.
Les stages de fin d'études dans les secteurs sanitaire, social et médico-social peuvent durer parfois une année scolaire.
Selon Mme Desmarescaux, la gratification minimum (417 euros par mois) obligatoire depuis 2009 pour les stages de plus de deux mois et qui a été étendue à la fonction publique l'été dernier a eu "l'effet contre-productif" de "restreindre l'offre de stages" dans ce secteur.
La loi "Hôpital, patients, santé, territoires" (HPST) a déjà exempté de l'obligation de gratification l'ensemble des étudiants auxiliaires médicaux "face à la pénurie d'offre", a-t-elle remarqué.
"Faute de stage, certains des 29.700 étudiants travailleurs sociaux actuellement en formation pourraient ne pas être diplômés à l'issue de leur cursus", a plaidé la secrétaire d'Etat Nadine Morano (Famille).
L'opposition a vivement dénoncé ce texte constitué d'un article unique qui stipule la non-gratification des stages pour les étudiants et élèves travailleurs sociaux.
La mesure a été fixée jusqu'au 31 décembre 2012. Le gouvernement devrait ensuite faire un bilan et étudier la possibilité de transférer aux conseils régionaux la prise en charge de ces stages.
"Si des moyens financiers sont dégagés pour les élèves de polytechnique et de la magistrature pourquoi n'en serait-il pas de même pour la filière médico-sociale?", a questionné Jean-Pierre Godefroy (PS) dénonçant une "discrimination" envers cette filière.
"On peut revenir sur les stages des jeunes, par contre on sanctuarise le bouclier fiscal, les stock-options", s'est-il indigné.
Le collectif Génération Précaire qui s'est battu pour obtenir que tous les stages donnent droit à une gratification minimum a protesté dans un communiqué contre cette "brèche". S'il reconnaît que les étudiants en carrière sociale peinent à trouver des stages, il estime que "la réponse passe par des déblocages de fonds de l'Etat".
Le secteur sanitaire, social et médico-social recouvre de nombreuses structures : foyers d'accueil, établissements pour handicapés, pour personnes âgées, pour jeunes en difficulté ou mineurs délinquants, centres d'action médico-sociale ou de réadaptation professionnelle, etc.
Au printemps 2008, les étudiants de ces disciplines, en butte à des problèmes pour effectuer leur stage de fin d'études, avaient manifesté à plusieurs reprises et interpellé l'Etat pour qu'il aide les associations ou collectivités locales les accueillant en stages à financer leur gratification.
La Direction générale de l'action sociale (DGAS) avait alors assuré que l'Etat et l'assurance maladie prendraient en charge les dépenses correspondantes pour les établissements et services qu'il finance.