La présidente du mouvement patronal Ethic, Sophie de Menthon, en désaccord avec Laurence Parisot il y a un an sur les rémunérations patronales, est devenue mardi la première adversaire déclarée de la "patronne des patrons" qui brigue un nouveau mandat à la tête du Medef.
"Laurence Parisot n'a pas démérité", a expliqué à l'AFP Mme de Menthon, assurant qu'il ne s'agissait ni d'"une guerre de femmes, ni (d')une guerre politique".
Mais "est-ce une raison pour confisquer le débat? On représente des entreprises qui mettent la concurrence au centre de leurs priorités", a souligné la présidente d'Ethic, qui aurait jugé "très malsain" que Mme Parisot soit seule candidate à sa propre succession.
"Sophie ne m'a pas prévenue. On a été un peu surpris, c'est tout", s'est contenté de dire Mme Parisot mardi lors de sa conférence de presse mensuelle, soulignant ne pas encore avoir pris connaissance "des motivations" de sa concurrente.
"Je me félicite de cette candidature" qui va "dans le sens du nécessaire débat au Medef dont je réclame l?organisation depuis près de sept mois", a quant à lui commenté Thibault Lanxade, un patron de pme qui a annoncé en septembre son intention de défier Laurence Parisot et demande l'organisation de "primaires des challengers" avant le scrutin du 1er juillet.
"Il aurait été impensable de donner l?image d?un patronat malade de sa démocratie et incapable d?organiser un débat", a ajouté M. Lanxade, qui n'a pour l'instant pas officiellement fait acte de candidature.
principal reproche de la présidente d'Ethic: le Medef actuel n'est pas suffisamment représentatif de "la pluralité du patronat".
"Le Medef des années à venir doit être différent, beaucoup plus dans la forme que dans le fond", selon Mme de Menthon, qui veut que "chaque entrepreneur de France se sente soutenu par le Medef".
Autre gros sujet de désaccord: la volonté d'instaurer "une nouvelle éthique du capitalisme", un des chevaux de bataille du petit mouvement patronal qui revendique 250 adhérents.
"On ne peut pas faire l'économie d'une remise en question", martèle Sophie de Menthon. Elle avait claqué la porte du comité éthique du Medef voici tout juste un an pour marquer son "désaccord fondamental" avec la réflexion menée par Laurence Parisot sur l'encadrement des rémunérations des patrons.
L'entreprise dirigée par Sophie de Menthon, SDME, n'adhérant plus au Medef territorial de Paris depuis cinq ans, elle a entamé voici huit jours les démarches pour renouveler son adhésion, condition nécessaire pour se porter candidate à la présidence nationale de l'organisation.
Il faudra ensuite à la challenger obtenir 50 signatures avant qu'elle ne puisse officiellement déposer son dossier de candidature.
Si aucun autre candidat ne se déclare d'ici la clôture, le 1er mai, Mme Parisot restera la grande favorite pour sa propre succession.
L'UIMM, la puissante fédération patronale de la métallurgie, principal contributeur financier du Medef et traditionnel faiseur de rois, ne semble pas vouloir présenter de candidat contre Mme Parisot.
Et Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président du régime d'assurance chômage (Unedic), a renoncé la semaine dernière à entrer en lice pour ne pas "étaler en public" les "divisions" du patronat.
"J?ai fait le choix de l?unité patronale et d?un Medef fort (...) Ce raisonnement vaut pour moi comme pour tout autre candidat", avait alors lancé le patron de Virgin Mobile.
"J'ai comme ambition tout sauf de diviser le patronat. Je veux rassembler au contraire, et rassembler plus large", rétorque Sophie de Menthon.