Richemont (+1,91% à 41,61 francs suisses) signe la plus forte performance de Zurich, soutenu par le rachat du site internet de vente britannique Net-a-porter.com, dont il détient déjà 33%. Le groupe de luxe confirme les rumeurs récentes de la presse. Le succès de l'opération est acquis. En effet, l'offre est soutenue par des actionnaires représentant 80% des droits de vote, par la direction et par la fondatrice de la société, l'ex-journaliste de mode Nathalie Massenet. D'un point de vue stratégique, l'opération permet à Richement de capitaliser sur un segment en forte croissance, note Oddo.
Le site Net-a-porter.com est spécialisé dans la vente de prêt-à-porter de luxe et dans la distribution des marques comme Jimmy Choo, Stella McCartney ou Givenchy. De son côté, Richemont est surtout présent dans les montres et les bijoux, mais il détient aussi la marque Chloé, distribuée également par Net-a-porter.com.
En revanche, financièrement, l'impact de cette opération semble négligeable à l'échelle du groupe suisse. Le chiffre d'affaires de Net-a-porter.com a atteint 125 millions d'euros (120 millions de livres) sur l'exercice clos fin janvier 2010, soit un impact inférieur à 3% du chiffre d'affaires pour Richemont, a calculé Oddo.
L'offre valorise en effet le site britannique à 350 millions de livres, soit un investissement de 235 millions de livres pour les 67% non détenus par Richemont. L'acquisition consommera environ un quart de la trésorerie nette du groupe de luxe.
La fondatrice Nathalie Massenet, qui possède 18% du capital, restera à la tête de la société. Selon la presse britannique, elle pourrait toucher environ 50 millions de livres pour sa participation.
Cette petite opération survient alors que le secteur de luxe devrait connaître une nouvelle vague de fusions-acquistions après deux années de calme plat. Ayant mieux résisté à la crise, les grands groupes, à l'instar de Richemont, devraient profiter de la reprise pour enrichir leur portefeuille.
De l'autre côté, les vendeurs pourraient profiter de l'amélioration des valorisations : le secteur du luxe se paye entre 16 et 19 fois ses résultats 2010 contre 12 fois environ début 2009.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Luxe et cosmétiques
Le cabinet de conseil en stratégie Bain & Company estime que le marché mondial du luxe devrait se contracter de 8% en 2009 par rapport à 2008, pour représenter 153 milliards d'euros. L'Amérique du Nord, qui représente près du tiers du marché mondial, devrait pâtir d'une chute de 16% de son activité en 2009. En Europe (38% du marché) et au Japon (12%), les ventes devraient baisser de respectivement 10% et 8%. Au contraire, la région Asie-Pacifique (hors Japon), devrait enregistrer une croissance de 10% de ses ventes. Côté produits, c'est le secteur des montres et de la joaillerie qui souffrira le plus de la crise avec une baisse estimée à 18%. Les acteurs, comme Burberry ou Prada, n'hésitent plus à réduire leurs effectifs ou à prendre des mesures de chômage partiel. Les petites structures, sous-traitantes des grandes maisons de luxe, sont en difficulté car elles sont soumises à une forte pression de la part de leurs donneurs d'ordre. Le gouvernement devrait annoncer avant la fin du premier trimestre 2010 une série de mesures pour les aider.