La Grèce est retournée lundi sur les marchés en lançant un emprunt obligataire de plusieurs milliards d'euros à sept ans, quatre jours après l'adoption par l'Union européenne (UE) d'un plan d'aide à Athènes.
"Aujourd'hui, la Grèce vient très logiquement en début de semaine se positionner sur le marché, elle vient tout de suite tester sa capacité d'accès au marché" après la garantie apportée dans le cadre du sommet de Bruxelles, a expliqué à l'AFP Valérie Plagnol, stratégiste obligataire au Crédit Mutuel-CIC.
Financée par des prêts européens et du Fonds monétaire international (FMI), l'aide européenne éventuelle à la Grèce constitue un mécanisme inédit depuis le lancement de la monnaie commune.
"Le plan d'aide approuvée jeudi dernier crée à court terme un climat positif sur les marchés mais il faut encore un peu de temps pour voir les résultats à long terme", souligne de son côté Manos Hatzidakis, analyste de la société financière grec Pigassos.
Le plan d'aide européen avait provoqué vendredi une détente des taux des obligations d'Etat grecques, qui restent cependant à des niveaux élevés, et sont repartis à la hausse lundi.
"La question est de savoir à quel moment un pays peut ou ne peut plus avoir accès au marché. C'est quand il n'a plus accès au marché qu'il y a crise, c'est la question centrale", a ajouté Mme Plagnol.
Le taux moyen du marché pour les emprunts à sept ans, qui sert de base pour le calcul du taux grec, s'établissait lundi en début d'après-midi à 2,90%. Il faut y rajouter 310 points de base, soit la surprime que doit verser Athènes par rapport à la référence du marché, l'emprunt obligataire allemand, selon une source de marché. Le taux de cet emprunt atteindrait ainsi quelque 6%.
La Grèce doit emprunter à des taux "qu'elle n'a pas connus il y a quelques années, ce qui reflète les problématiques budgétaires et inflationnistes, maintenant prises en compte et sanctionnées par les marchés", a estimé Mme Plagnol.
Après l'abaissement successif de la note des obligations de l'Etat grec en décembre dernier par les agences de notation en raison des incertitudes entourant la solvabilité à long terme du pays, la Grèce a été plongée dans une crise financière sans précédent.
Pour regagner la crédibilité des marchés et de ses partenaires européens, le gouvernement socialiste grec a ainsi été contraint de prendre ces derniers mois une série de mesures d'austérité draconiennes, dont des coupes salariales et gel des retraites, en vue d'augmenter les revenus publics.
Pour continuer à refinancer sa dette, la Grèce a besoin au total de près de 54 milliards d'euros pour l'an 2010, dont 20 milliards d'euros doivent être levés d'ici fin mai.
L'émission obligataire de lundi, dont le montant exact n'a pas été arrêté avant son lancement et dépendra de la demande des investisseurs, est la troisième depuis le depuis de l'année.
Les deux précédentes émissions obligataires, les 25 janvier et 4 mars, de maturité 5 ans et 10 ans respectivement, avaient attiré cinq fois plus de demande que le montant proposé, malgré la conjoncture difficile. Ainsi, la première, a permis au final de lever 8 milliards d'euros à un taux de 6,20% tandis que la deuxième a permis de recueillir cinq milliards d'euros à un taux de 6,38%.
Les banques mandatées pour cette obligation sont les banques françaises Société générale (SG), Crédit agricole, la néerlandaise ING, l'américaine Bank of America-Merrill Lynch, et les grecques alpha Bank et Emporiki, filiale grecque du Crédit agricole.