Alors que les Français envoient toujours moins de courrier, La Poste veut croire en son avenir : elle a publié jeudi des résultats annuels montrant une bonne résistance à la crise et, forte de son nouveau statut de société anonyme, elle est déterminée à se diversifier.
Son chiffre d'affaires a baissé de 1,3% à 20,53 milliards d'euros, son bénéfice net a augmenté de 0,4% à 531 millions et son résultat d'exploitation s'établit à 757 millions, en baisse de 14,6%, soit une marge de 3,7%.
Des résultats meilleurs que prévu qui permettent à La Poste, devenue le 1er mars société anonyme à capitaux publics, de reverser à l'Etat des dividendes de 105 millions et d'accorder un intéressement aux postiers.
"La diversité de ses métiers donne au groupe la capacité de résister face à la crise économique et à la percée des échanges numériques", a estimé le président de La Poste Jean-Paul Bailly, soulignant le programme d'économies réalisé (près de 400 millions d'euros, un départ sur trois non remplacé malgré 3.500 recrutements pour environ 300.000 salariés au total).
Le groupe a procédé à un "rééquilibrage progressif du portefeuille d'activités", a-t-il précisé en conférence de presse : "Entre 2003 et 2009, le poids du courrier a diminué", passant de 58,9% à 53,8% du chiffre d'affaires.
Il est vrai que son métier historique souffre. La faute à internet, d'abord. Comme partout dans le monde, les Français préfèrent cliquer que sortir leur plume, même si La Poste assure qu'"internet n'est pas un concurrent que l'on essaie de battre".
La crise, ensuite. Alors que 97% des volumes sont générés autour des entreprises, ces dernières ont dû faire des économies.
Les volumes de courrier ont baissé de 1% en 2007, de 3% en 2008, de 5,3% en 2009. D'ici 2015 la chute devrait être de 30%.
Pendant ce temps, les autres activités progressent : le colis-express représente 21,7% des revenus contre 18,1% en 2003.
Cette branche souffre de la crise, avec des ventes en baisse de 4,8% à 4,48 milliards, mais La Poste anticipe un retour à la normale en 2010, internet jouant cette fois le rôle de stimulant, via le e-commerce.
La Banque Postale continue d'afficher une bonne santé, avec un produit net bancaire de 5,02 milliards (+5,2%).
En 2010, le groupe veut garder "sa capacité bénéficiaire". Il compte pousser encore les parts de la banque et du colis-express et garder un courrier bénéficiaire, malgré des volumes attendus en baisse de 5%.
Autre piste explorée: la téléphonie mobile.
"Nous avons lancé une procédure de consultation (pour trouver) un partenaire du monde des télécoms", a confirmé le directeur général des bureaux de poste Jacques Rapoport.
Le groupe aimerait se lancer comme opérateur virtuel (en louant le réseau d'un autre opérateur) au premier semestre 2011, visant 500 millions d'euros de revenus en quatre ans.
La Poste a aussi présenté son offre Digiposte, "une boîte électronique personnelle et sécurisée qui permet la réception, l'archivage et le partage de différents documents" sous forme électronique (mails, factures...), pour particuliers et entreprises, a expliqué M. Bailly.
Mais pas question pour La Poste d'oublier son métier de base: "nous sommes très attentifs et absolument pas pessimistes pour le courrier", a assuré M. Bailly, rappelant son poids financier important.
Grâce au changement de statut, elle recevra, fin 2010, 2,7 milliards de l'Etat et de la Caisse des dépôts et de consignation, de quoi "ouvrir de nouvelles perspectives, dans une conjoncture qui reste fragile".