(AOF / Funds) - Avec des taux d'intérêt quasi nuls, les fonds monétaires qui ont drainé l'essentiel de la collecte en 2009, sont maintenant à la peine. Au mois de janvier selon Europerformance, la croissance des encours des fonds de trésorerie régulière n'a ainsi été que de 1,1 %. En revanche, les fonds de trésorerie dynamique ont vu leurs encours croître sur un mois de 11,1 %. Cette catégorie de fonds permet en effet de délivrer une performance supplémentaire par rapport au taux d'intérêt sans risque. Elle rencontre donc un succès croissant auprès des investisseurs qui s'en étaient détournés au plus fort de la crise financière. Les fonds de trésorerie dynamique ont été en effet les premiers affectés par la crise, certaines grandes sociétés de gestion de la place (Axa Investment managers, BNP Paribas Asset Management ou encore Oddo Asset Management) ayant suspendu la valorisation de leurs fonds. Les fonds de trésorerie régulière servant par ailleurs des taux de rendements élevés jusqu'au début 2009, les investisseurs se sont rabattus sur cette catégorie d'actifs sans risque et à rendements élevés.
La baisse des taux d'intérêt liée aux politiques monétaires accommodantes a remis au goût du jour les fonds de trésorerie plus ou dynamiques ainsi que plus généralement les fonds de performance absolue qui parviennent de nouveau à séduire les investisseurs. Les fonds de performance absolue regroupent des profils de risque très divers allant du monétaire plus ou dynamique au hedge funds. De ce fait, une certaine confusion règne entre d'une part les fonds monétaires dynamiques et les fonds de performance absolue. Ces derniers s'avèrent faire partie d'une catégorie plus large, plus hétérogène et englobent souvent les premiers. Les fonds de performance absolue se caractérisent par un objectif de performance qui n'est pas lié aux performances des marchés financiers, mais associé au taux sans risque (Eonia + un pourcentage, en général entre 2 et 5 %). Pour l'obtenir, ils utilisent trois grands types de stratégies : le trading, l'arbitrage et les long/short sur actions.
Les fonds qui utilisent des stratégies de trading sont ceux dans lesquels les gérants cherchent à capter les opportunités à court terme voire à très court terme (intrajournalières) des marchés. «Les fonds de trading jouent les grandes tendances des marchés financiers notamment les tendances macroéconomiques, indique Nicolas Gomart, directeur général adjoint d'OFI Asset Management. Ces fonds ont pour objectif de délivrer une performance positive quel que soit l'ENVIRONNEMENT de marché.» La deuxième grande catégorie de fonds repose sur des techniques d'arbitrages. Celles-ci peuvent concerner des actifs multiples. «Nous utilisons dans le cadre des fonds d'arbitrage une approche globale, indique Vincent Chailley, responsable de la gestion obligations internationales et performance absolue chez Amundi. Il peut s'agir de taux, de crédit, de devises, de dettes émergentes ou encore d'actions.» Les gérants peuvent également utiliser dans ce cadre des futures ou des dérivés qui permettent de s'exposer à des classes d'actifs ou de se couvrir de façon très réactive.
Par ailleurs, certains fonds d'arbitrage sont spécialisés sur un actif en particulier. «Nous possédons deux fonds de risk arbitrage qui cherche à tirer profit des opérations de fusions et acquisitions, indique Nicolas Gomart, nous achetons les sociétés cibles dès qu'une opération est annoncée, ou dans certains cas nous vendons la société prédatrice et réalisons un gain si l'opération aboutie. Ces stratégies sont particulièrement appréciées par les investisseurs en ce moment qui s'attendent à une recrudescence des opérations de fusions et acquisitions.» Enfin, la dernière grande catégorie de stratégie utilisée dans cette classe d'actifs correspond aux actions long/short. Ces stratégies ne sont en général pas exposées au marché (elles sont ainsi qualifiées de market neutral) car elles consistent à acheter des valeurs sous-évaluées et à vendre des valeurs surévaluées.
Les fonds reposant sur les deux premières familles de stratégies peuvent se retrouver apparentés aux fonds monétaires dynamiques, mais pas seulement en effet, si l'on prend par exemple le cas des fonds d'arbitrage on trouvera des fonds exposés à différents risques et avec des niveaux de risque différents. Certains d'entre eux s'apparenteront à des fonds monétaires plus, d'autres seront beaucoup plus risqués. «Nous possédons une gamme assez large de fonds de performance absolue avec des niveaux de risque différents qui peuvent aller du monétaire plus au fonds de gestion alternative», indique Vincent Chailley. Le fonds du Crédit Agricole Asset Management (CAAM) CAAM dynarbitrage par exemple classé quatrième de sa catégorie sur un an correspond à un fonds équilibré. «Ce fonds équivaut à un fonds équilibré investi pour moitié en actions et pour moitié en obligations en termes de risques, explique Vincent Chailley. La différence avec un fonds équilibré réside dans le fait que ce fonds est complètement libre dans sa gestion et peut donc délivrer une performance supérieure à celle d'un fonds équilibré. D'ailleurs, sur les sept ans d'existence du produit, la performance est supérieure à celle de l'ensemble des classes d'actifs.»
Par ailleurs, les techniques de gestion long/short peuvent être utilisées à la marge dans des produits monétaires qui deviennent ainsi des fonds monétaires plus ou dynamiques ou enfin être insérées dans de véritables fonds de gestion alternative. La frontière entre les deux est d'ailleurs assez floue. Elle repose sur deux critères : l'utilisation ou non d'effets de levier ou le recours ou non à des opérations dites «short» qui consistent à revendre des actifs que le gérant ne possède pas en portefeuille. Ainsi, schématiquement, moins un fonds possédera de contraintes plus il s'apparentera à de la gestion alternative.
Si la grande majorité des fonds utilisent ces trois types de stratégie, certains fonds peuvent se distinguer avec des process assez différents. C'est le cas par exemple du fonds Objectif Alpha Allocation géré par Lazard Frères Gestion classé premier sur un an en termes de performances par Europerformance. «La gestion du fonds repose sur une approche fondamentale, explique Matthieu Grouès, gérant du fonds chez Lazard Frères Gestion. Notre scénario macro-économique détermine l'allocation du fonds. Nous faisons des paris marqués. Actuellement par exemple, nous sommes exposés à 100 % en actions et avons pris des positions pour tirer profit d'une convergence de la dette souveraine de la Grèce.»
En conséquence, investir dans cette classe d'actifs suppose au préalable une analyse fine du produit afin de comprendre les stratégies de gestion utilisées, le niveau de risque du produit et à quelles classes d'actifs il peut s'apparenter ou se substituer. Tous les fonds de performance absolues, loin s'en faut, ne peuvent ainsi se substituer dans une allocation d'actifs à des fonds monétaires. «Les fonds dits monétaires dynamiques qui mettent en oeuvre des stratégies de gestion alternative de façon diluée, la majeure partie du fonds étant investi en monétaire, peuvent se substituer à des fonds monétaires aux performances déclinantes», indique Nicolas Gomart. Les fonds utilisant l'arbitrage ont en revanche un profil différent. «Ces fonds possèdent un profil assez proche d'une obligation d'entreprise (ou de la vente d'options), explique Nicolas Gomart. Ils permettent de générer une performance régulière, mais peuvent subir occasionnellement un accident et donc générer une perte importante. Toutefois, lorsque ces stratégies sont diluées dans le cadre des fonds monétaires dynamiques, le risque de perte significative est sensiblement amoindri.» Enfin, les fonds de trading comme les CTA par exemple sont particulièrement performants en période de forte volatilité, en revanche, ils peinent à offrir de la performance en période de marché calme. «Les fonds de trading peuvent apporter de la diversification pour la partie risquée d'un portefeuille», poursuit Nicolas Gomart. C'est également le cas du fonds de Lazard Frères Gestion. «Notre fonds assumant des choix forts peut afficher une forte volatilité de façon conjoncturelle, explique Matthieu Grouès. Dans une allocation, il doit ainsi être utilisé comme un outil de diversification et représenter le même poids qu'une action spécifique à savoir 5 % environ.» A utiliser donc avec modération et discernement.
Sandra Sebag