Le succès du statut d'auto-entrepreneur menace l'équilibre financier de la caisse de retraites des professions libérales, s'inquiète son président Jacques Escourrou, qui en a appelé jeudi au gouvernement pour trouver une solution.
Instauré en 2009, ce statut permet aux salariés, chômeurs, retraités ou étudiants de développer une activité en ne payant des impôts et des cotisations sociales que s'ils génèrent un chiffre d'affaires.
Pour leur retraite, les auto-entrepreneurs sont affiliés à la Caisse nationale d'assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL), un régime fonctionnant par répartition pour la retraite de base des médecins, sages-femmes, experts-comptables ou encore des notaires.
La CNAVPL "voit arriver, sans concertation ni aménagement, 150.000 nouveaux cotisants à très faibles revenus, en plus des 600.000 gérés actuellement", s'alarme M. Escourrou dans un communiqué.
Il précise avoir fait part dans un courrier au Premier ministre, François Fillon, de ses "vives inquiétudes".
Selon M. Escourrou, "l'afflux des auto-entrepreneurs dans le régime devrait le rendre déficitaire pour la première fois".
L'origine du problème financier pour la CNAVPL réside dans les mécanismes de solidarité démographique qui existent entre les différents régimes de retraite de base. Ceux connaissant un rapport cotisants/retraités favorable versent ainsi une certaine somme aux régimes moins bien lotis.
Pour la caisse des professions libérales, "chaque nouveau cotisant représente une charge de 1.700 euros de compensation nationale", la conduisant à verser au titre de la solidarité l'équivalent de "plus de 65% des prestations payées par la CNAVPL".
Pour faire face, son président estime que "les cotisations des 600.000 adhérents classiques de la CNAVPL devraient être sérieusement alourdies, si aucune autre solution n'était trouvée par le gouvernement ou le Parlement".