Les syndicats de Pôle emploi en Corse ont déposé un préavis de grève pour jeudi après une tentative de suicide d'un cadre dans les locaux de la direction régionale à Ajaccio, alors qu'une négociation nationale sur les conditions de travail est en cours.
Cet homme, âgé de 55 ans, a tenté de mettre fin à ses jours mardi en se tailladant les veines dans les toilettes de la direction régionale.
Un geste similaire s'est produit il y a un an à la direction régionale de Villeneuve d'Ascq (Nord), rappellent les syndicats.
Découvert par ses collègues alors qu'il perdait son sang et hospitalisé en urgence, l'homme, qualifié de "très bon professionnel" par ses collègues comme par sa direction, a regagné son domicile mardi après-midi.
"Harcèlement", "Discrimination", avait-t-il tracé avec son sang sur un mur des toilettes, selon plusieurs témoins.
Toutes les agences de Pôle emploi de Corse ont ensuite fermé et un soutien psychologique aux personnels mis en place.
Le Syndicat des travailleurs corses et Force ouvrière ont accusé dans un communiqué commun la direction de "retourner tous les faits contre les agents, les désarçonner, les pousser à la faute".
Une enquête de Pôle emploi et de l'inspection du travail a été déclenchée, a indiqué à l'AFP la directrice régionale de Pôle emploi, Marie-Christine Dubroca-Cortesi. Le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) se réunira jeudi.
Les syndicats dénoncent depuis plusieurs mois la dégradation des conditions de travail depuis la fusion ANPE-Assedic, et en Corse le "harcèlement" et le "mépris" de plusieurs cadres venus du continent envers les collaborateurs insulaires.
Le président UMP de l'Assemblée de Corse, Camille de Rocca Serra, et celui du conseil exécutif territorial, Ange Santini (UMP), ont exprimé "émotion" et "inquiétudes" dans un communiqué commun.
Faisant taire leurs rivalités pour s'entendre sur un texte commun, les neuf syndicats de Pôle emploi à Paris ont demandé "des mesures immédiates" et "une remise en cause de l'organisation du travail" en dénonçant le "compteur macabre" de Pole emploi.
D'autres syndicats et associations (Apeis, MNCP, Apnée notamment) ont critiqué une "dérive infernale" liée, selon eux, à "la fusion Assedic-ANPE imposée à marches forcées".
Bousculés par les changements de tâches et la charge de travail en hausse avec la crise, confrontés à une hausse des agressions, une majorité des agents de Pôle emploi jugent leur situation de travail "tendue" (71%) et leur santé affectée (58,5%), selon un questionnaire national.
Direction et syndicats étaient réunis mardi toute la journée sur ce sujet.
"La situation est grave, c'est une forme d'appel au secours", a estimé Bernie Billey (CFDT) à propos du collègue d'Ajaccio, "il y a aussi énormément de collègues sous psychotropes, c'est un cri d'alarme silencieux".