Les "tensions" entre salariés et usagers, attribuées à la "brutalité" des conditions de la fusion ANPE-Assedic en 2008, sont soulignées dans une étude de terrain réalisée par trois psycho-sociologues pour le compte du syndicat FSU présentée vendredi à Paris.
"Pôle emploi aujourd'hui est marqué par une très très forte désorganisation avec des personnels mis en difficulté et en fragilité par la logique libérale, surtout par une volonté idéologique d'aller très vite sans jamais prendre en compte le réel, en se focalisant sur des objectifs à très court terme", a dit à l'AFP Sylvette Uzan Chomat, de la FSU Pôle emploi.
Les trois chercheurs de Trio consultants, dont l'étude a été financée par les conseils régionaux des régions Ile-de-France et Pays-de-Loire, ont interrogé pendant onze mois une trentaine d'usagers et plusieurs dizaines de salariés de différents bureaux de Pôle emploi.
L'une des trois psycho-sociologues, Aby M'baye, en rendant compte de leurs travaux à la Bourse du travail, a notamment relevé chez les salariés "la tension née du décalage entre +rendre compte+ (à leurs supérieurs) et +rendre service+ (aux usagers)".
Les salariés ont également fait part de leur "empêchement structurel à passer du travail prescrit au travail réel", de leur "manque d'autonomie" né de "la taylorisation de leur mission de service public" imposée et vécue comme "une négation de leur expérience".
Le sentiment d'"éloignement" des chômeurs" est accentué par le "nomadisme" imposé aux employés, d'une agence à l'autre, d'une tâche à l'autre, et même par le "parcours fléché" au sein des bureaux, "avec une porte +entrée+ et une porte +sortie+", a encore dit Mme M'baye.
Pôle emploi, qui compte 48.000 salariés, est né de la fusion de l'ANPE (Agence nationale pour l'emploi) et des Assedic. Il a pour but de simplifier et de personnaliser les démarches des demandeurs d'emploi.