Voici des réactions d'économistes après l'annonce vendredi par l'Insee d'une croissance de 0,6% en France au quatrième trimestre, malgré un produit intérieur brut (PIB) en chute de 2,2% sur l'ensemble de 2009, la pire récession depuis l'après-guerre:
- Alexander Law (Xerfi):
"Cette +performance+ est due en très large partie à une contribution très fortement positive des stocks: sans ces derniers, la variation du PIB aurait été négative à hauteur de 0,3%. (...)
Il faut retenir avant tout l'excellente performance de la consommation des ménages qui progresse de 0,9% d'un trimestre sur l'autre (mais) le soufflé devrait vite retomber (...)
Le commerce extérieur a ôté 0,7 point à la croissance du PIB au quatrième trimestre, sur fond de nette accélération des importations et d'atonie des exportations. De fait, la France souffre de la méforme économique de ses principaux partenaires (à commencer par l'Espagne et le Royaume-Uni)."
- Mathilde Lemoine (HSBC):
"L'investissement des entreprises a continué à chuter, perdant -0,8% par rapport au trimestre précédent tandis que l'investissement logement des ménages recule de 2,7% (...) La principale surprise vient de l'investissement public, qui a continué à baisser au dernier trimestre (-0,2%, après -1,1% au trimestre précédent) en dépit du plan de relance de l'économie (...)
Au premier semestre 2010, la fin des aides gouvernementales aux revenus des ménages, la disparition progressive de la prime à la casse et l'accélération de l'inflation devraient peser sur la consommation des ménages, ce qui aura par conséquent un impact sur le PIB."
- Marc Touati (Global Equities):
"Cela fait désormais trois trimestres que le PIB français augmente mais l'emploi continue à se dégrader. Et ce, en dépit de toutes les aides publiques et variées. Ce décalage confirme que la France n'a pas tant besoin d'un soutien artificiel de la consommation que d'un rebond de l'investissement des entreprises (...)
L'année 2009 confirme définitivement que la France est bien marquée par le +syndrome du pouf+. En effet, l'an passé, son PIB a reculé de seulement 2,2%, contre une baisse de 4% pour la zone euro et de 5% pour l'Allemagne. Cette +surperformance+ française s'explique néanmoins par une perfusion publique surdéveloppée qui, en cas de récession, permet à l'économie française de tomber sur un pouf, c'est-à-dire en amortissant les chocs. Le problème est qu'une fois installé dans le pouf, il est beaucoup plus difficile de se relever."
- Nicolas Bouzou (Asterès):
"Il n'existe aucun moteur autonome de croissance pour l'économie française. Relâchez la politique économique (ce qu'il faudra bien faire compte-tenu du coût de ces politiques pour les finances publiques), et l'activité s'effondre de nouveau. (...)
L'emploi ne repartira que lorsque la croissance économique sera considérée par les entreprises comme suffisamment solide (...) Nous n'en sommes pas encore là.