Le fabricant de boissons japonais Kirin a renoncé lundi à se marier avec son compatriote Suntory en raison de plusieurs divergences de vue, mais il a promis de s'activer pour devenir quand même un géant mondial via une stratégie de partenariats et/ou d'acquisitions.
Depuis plusieurs mois, les Japonais s'attendaient à voir naître chez eux un géant de la bière et autres breuvages, de la taille de l'américain Pepsico et plus gros que Coca-Cola ou que le colosse belge aux quelque 200 marques Anheuser-Busch InBev (Budweiser, Stella Artois, Beck?s, etc.)
Ces espoirs ont été brisés lundi par un bref communiqué annonçant la fin des négociations entre Kirin et Suntory, alors même que la rumeur les disait sur le point d'aboutir à un accord de fusion.
"Nous avons décidé ce matin d'interrompre NOS discussions menées depuis le mois de juillet dernier", a confirmé le directeur général du groupe Kirin Holdings, Kazuyasu Kato, lors d'une conférence de presse sans son homologue de Suntory.
"C'est extrêmement regrettable, mais nous avons dû faire un constat d'échec", a-t-il déploré.
Kirin et Suntory, deux concurrents dont les catalogues regorgent de bières, eaux minérales, vins, spiritueux et boissons non-alcoolisées (thés, jus de fruits, sodas), ne sont pas parvenus à s'entendre sur "la silhouette de la société à naître" pour absorber l'ensemble, a expliqué M. Kato.
Les deux sociétés sont chacune confrontées à la baisse du nombre des buveurs au Japon et à la nécessité d'atteindre une taille critique pour étendre leurs activités dans le monde.
En dépit de ce problème commun, elles n'ont pas réussi à partager la même vision stratégique.
"Nous avons achoppé sur plusieurs points, et notamment sur la forme qui permette de garantir à la fois la transparence pour les actionnaires et clients, et l'indépendance de la direction", a reconnu M. Kato, sans dévoiler les détails de la négociation.
Kirin est une entreprise cotée en Bourse et qui entend bien le rester, alors que Suntory, qui vient de mettre la main sur le français Orangina Schweppes, est détenue à 90% par sa famille fondatrice très attachée à son empire.
"C'est très dommage de ne pas avoir réussi, car nous négociions en estimant qu'un tel rapprochement pouvait être pertinent afin de survivre dans un secteur soumis à une forte concurrence mondiale. Un rapprochement Kirin-Suntory faisait sens", a souligné M. Kato.
Avec un chiffre d'affaires annuel combiné d'environ 3.820 milliards de yens (29 milliards d'euros), cette fusion aurait créé une entité presque trois fois plus grosse que leur rival japonais immédiat, Asahi Breweries.
Kirin maintient cependant les objectifs qu'elle s'est fixés pour 2015 : un chiffre d'affaire de 3.000 milliards de yens et une marge d'exploitation de 8%.
"La fin des discussions avec Suntory ne signifie pas que nous renonçons à notre ambition de devenir une compagnie de premier plan, notamment en Asie et Océanie", a promis Kazuyasu Kato.
"Nous ne songeons pas à nous étendre par la seule croissance organique, nous allons continuer de chercher un partenaire fort et étudier les possibilités de fusion et acquisition", a-t-il poursuivi sans plus de précisions.
"Notre but est d'être une compagnie de premier plan notamment en Asie et Océanie, et nous pensons que cela est possible" même sans Suntory, a-t-il répété.
Les actionnaires ont cependant manifesté leurs doutes en vendant en masse leurs titres. L'action Kirin a perdu 7,34% lundi pour tomber à 1.337 yens.
Quant au patron de Suntory, Nobutada Saji, il a affirmé dans un communiqué sa détermination à faire malgré tout de son groupe "un des plus larges au monde dans le domaine des boissons et de l'alimentation".