Les ministres des Finances et les chefs des banques centrales du G7 ouvrent vendredi à Iqaluit, dans la neige du Grand Nord canadien, une réunion pendant laquelle ils sont invités à se parler franchement, à l'heure où les marchés financiers mondiaux s'inquiètent.
Les délégations sont toutes arrivées dans l'après-midi sur une ancienne base militaire américano-canadienne, devenue l'aéroport d'une ville de 6.000 habitants.
La réunion commencera officiellement par un dîner prévu à 18H45 (23H45 GMT) dans un hôtel-restaurant de la capitale du territoire du Nunavut. Avant d'attaquer les discussions, Canadiens et Européens se sont retrouvés sur des traîneaux à chiens, une expérience qu'ont manquée Américains et Japonais, arrivés au coucher du soleil.
Le G7 regroupe, outre le Canada qui le préside, les Etats-Unis, le Japon, et quatre pays européens (Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni). Sont également conviés le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et la Commission européenne.
L'utilité du G7 inspire de plus en plus de doutes, entre la montée en puissance de la Chine, qui devrait devenir la deuxième économie mondiale cette année, et la consécration du G20. Mais les hôtes canadiens ont réussi à attirer une centaine de journalistes dans une ville éloignée de tout.
Vendredi, l'intérêt pour cette réunion s'est renforcé avec la chute des marchés boursiers, victimes des doutes sur la reprise des économies développées, et sur la viabilité du déficit public de certains pays européens comme la Grèce ou le Portugal, voire l'Espagne.
"Fondamentalement, c'est une question pour l'Union européenne, mais certains pays représentés ici sont des pays de l'UE, donc c'est un sujet d'inquiétude dont je suis sûr que nous parlerons ce soir (vendredi) et demain (samedi)", a affirmé le ministre des Finances canadien, Jim Flaherty.
Son ministère veut des discussions sincères. Débarrassé de la charge de produire un communiqué, le G7 doit prendre une tournure moins officielle.
La faiblesse des réseaux de communication, l'étroitesse du lieu et le climat plaident pour une diplomatie directe. Et les sujets de controverse ne manquent pas.
Sur fond de croissance plus ou moins solide selon les pays membres, les grands argentiers de pays parmi les plus riches de la planète suivent des stratégies parfois divergentes.
Le cadre réglementaire de l'après-crise pour le secteur financier n'apparaît toujours pas clair. Le numéro deux du FMI, John Lipsky, a jugé à Iqaluit que s'il y avait sur la régulation financière "un large accord sur les principes fondamentaux", et que même si les pays du G7 ne sont pas supposés "faire la même chose au même moment" en avançant leurs projets respectifs, "il fallait qu'ils soient cohérents".
Les "stratégies de sortie" après de coûteux plans de relance seront aussi au menu, le G7 cumulant déjà plus de 30.000 milliards de dollars de dette. L'Italie fait déjà partie des pays dont les finances publiques inquiètent, et les dettes américaine, japonaise ou même britannique s'alourdissent à un rythme jamais vu.
Sur la question des changes, la sous-évaluation du yuan, qui agace de plus en plus à un moment où la Chine connaît une croissance démesurée par rapport à celle des vieilles puissances économiques, devrait aussi être évoquée.