Le groupe pharmaceutique suisse Roche, dont le bénéfice a chuté l'an dernier après le rachat de sa filiale américaine Genentech, prépare la relève pour faire face à la baisse des ventes de son antiviral Tamiflu, et mise notamment sur les médicaments oncologiques pour assurer la relève.
"Le Tamiflu a significativement contribué à la croissance et au résultat l'année dernière", a reconnu le directeur général Severin Schwan devant des journalistes.
Face à l'explosion des ventes de l'antiviral, recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour traiter la grippe pandémique H1N1, le patron du laboratoire bâlois a cependant rappelé que le groupe avait généré plus de 5 milliards de francs suisses (3,4 milliards d'euros) avec trois médicaments oncologiques (anti-cancer).
"Il est très difficile de prévoir comment va évoluer le virus de la grippe" H1N1, a prévenu M. Schwan, alors que Roche s'attend à ce que les ventes de Tamiflu reculent cette année à 1,2 milliard de francs suisses (800 millions d'euros) en 2010, contre 3,2 milliards (2,1 milliards d'euros) en 2009.
Grâce aux commandes des gouvernements pour faire face à la pandémie, Roche a vendu 1,5 milliard de comprimés de Tamiflu, permettant de traiter 150 millions de personnes.
Mais à l'opposé de ses concurrents spécialisés dans les vaccins, le groupe n'a pas subi d'annulations de commandes, profitant de la longévité du médicament et de sa capacité à soigner plusieurs types de grippe.
Face à la forte fluctuation des ventes de Tamiflu, Roche cherche des relais de croissance dans les produits oncologiques, le diabète et les maladies inflammatoires.
"Nous débutons l'année 2010 en position de force", a reconnu M. Schwan, selon lequel le groupe dispose de dix nouvelles molécules en "phase de développement avancé", ainsi que de trente extensions d'indication pour des médicaments existants.
"L'augmentation d'homologations de médicaments existants et de nouveaux produits devrait porter la croissance des ventes", ont estimé les analystes de la banque Wegelin.
Les investisseurs ont pourtant peu apprécié ces annonces, le titre Roche cédant 1,61% à 177,70 francs suisses, dans un marché en hausse de 0,12% à 09H57 GMT.
L'acquisition de Genentech, rachetée pour 46,8 milliards de dollars (33,6 milliards d'euros), a pesé l'année sur les résultats du groupe l'année dernière. Cette opération a généré des frais de restructuration de 2,4 milliards de francs suisses (1,6 milliard d'euros).
Le résultat s'en est trouvé d'autant affecté. Le bénéfice net a ainsi reculé de 22% à à 8,5 milliards de francs suisses (5,8 milliards d'euros), contre 10,8 milliards (7,3 milliards d'euros) en 2008.
Le bénéfice d'exploitation, hors élément exceptionnel, a par contre progressé de 8% en francs suisses, à 15 milliards (10,20 milliards d'euros), tandis que le chiffre d'affaires a augmenté de 8%, à 49 milliards (33,3 milliards d'euros) sur les douze derniers mois.
Malgré les coûts liés au rachat de sa filiale américaine, le groupe compte rembourser cette année 25% de l'emprunt contracté à cette occasion et retrouver d'ici cinq ans une trésorerie positive.
Roche compte par ailleurs générer des synergies avec le rapprochement de sa filiale, qui s'est notamment traduit par des fermetures de sites.
"Nous espérons réaliser 800 millions de francs suisses (543 millions d'euros) de synergies en 2010 et un milliard" (680 millions d'euros) par an à partir de l'année prochaine, a ainsi indiqué le patron du groupe suisse, qui emploie quelque 80.000 personnes.
Roche a également réitéré son optimisme pour l'année en cours, tablant sur une croissance d'environ 5% du chiffre d'affaires, et en 2011 sur une croissance à "deux chiffres" du bénéfice par titre.