Le PDG de Spyker, Victor Muller, a dévoilé une partie de ses intentions pour Saab, expliquant aussi pourquoi un fabricant néerlandais de voitures de sport confidentiel voulait tenter de ressusciter l'emblématique filiale suédoise de General Motors.
Il a appelé mardi lors d'une conférence en marge du salon de l'automobile de Detroit à ne pas "sous-estimer ce qu'une entreprise qui vend 100 voitures par an et une qui en vend 100.000" peuvent partager.
M. Muller a affirmé que son entreprise, "un moustique" du secteur par rapport à l'"éléphant" Saab, avait les moyens financiers de racheter l'entreprise suédoise et de la faire tourner.
"Nous leur avons montré l'argent", a assuré M. Muller, en référence aux déclarations du patron de General Motors, Ed Whitacre, la semaine dernière.
"C'est vraiment facile, il faut juste se présenter avec l'argent, et on peut avoir" Saab, avait dit M. Whitacre, alors que General Motors tente de vendre le constructeur suédois depuis un an. De premières négociations avec le suédois Koenigsegg se sont clôturées par un échec fin novembre.
Les dirigeants de GM ont dit clairement à M. Muller que "si la vente de Saab ne générait pas plus d'argent que sa fermeture, ce n'était pas (une offre) attractive pour eux", a-t-il expliqué.
"C'est donc notre tâche chez Spyker de faire une proposition suffisamment attirante pour les faire revenir sur leur position" et le processus de démantèlement de Saab, a-t-il poursuivi.
M. Muller a aussi dit avoir substantiellement relevé son offre depuis le début des discussions avec Saab.
Il a refusé de dire sur quoi elles achoppaient depuis des semaines, ajoutant juste qu'il y a "une pression énorme pour finir la transaction rapidement" car si le processus de démantèlement de Saab engagé par General Motors se poursuit trop lontemps, "cela aura un impact très négatif sur la marque Saab".
Mais les négociations se prolongent car "d'un point de vue légal c'est une transaction exceptionnellement compliquée" étant donné que Saab faisait "partie d'un grand conglomérat depuis 20 ans".
L'issue finale est "une question de jours", a-t-il estimé.
M. Muller a aussi indiqué que "le gouvernement suédois avait énormément aidé" le processus de négociations, sans donner de détails sur les garanties ou aides éventuellement apportées par Stockholm pour éviter une fermeture de Saab.
Le fabricant de voitures de sport de luxe a estimé que "si Saab pouvait vendre suffisamment de voitures, cela pourrait être une entreprise très rentable".
Si Spiker rachetait Saab, il "embaucherait plutôt que de licencier car la capacité de production aurait besoin d'être augmentée rapidement", a-t-il promis. Saab emploie environ 3.400 personnes en Suède.
Il a expliqué que son groupe voulait racheter la marque suédoise car c'est "une icône" et parce qu'une combinaison "Spiker-Saab serait très attirante en termes de partage de la distribution, de la technologie, des infrastructures et des pièces détachées", sans compter les synergies en matière de recherche et développement.
"Il y a 1.100 concessionnaires Saab et cela nous a pris 10 ans d'avoir 40 concessionnaires", a-t-il souligné.
Si GM accepte de céder sa filiale suédoise au petit constructeur néerlandais, "Spyker et Saab deviendraient des filiales d'une société néerlandaise cotée, Saab Spyker LLC".
M. Muller estime que les clients de Saab sont "fidèles" à la marque mais qu'elle a besoin de retrouver son "ADN", qui s'est perdu au sein du grand groupe américain.
Il a toutefois prévenu qu'il faudrait "plusieurs années" pour remettre Saab sur pied.
Spyker, basé à Zeewolde (centre des Pays-Bas) et coté à la Bourse d'Amsterdam, est détenu à 30% par le groupe financier russe Convers.