La Société Générale a prévenu mercredi que son bénéfice au dernier trimestre 2009 serait inférieur aux attentes, car elle prévoit d'enregistrer pour 1,4 milliard d'euros de provisions et dépréciations sur des actifs "toxiques" adossés à des prêts immobiliers américains.
Les provisions reviennent à mettre de l'argent en réserve pour faire face à des pertes et les dépréciations traduisent la baisse de valeur de ces actifs "toxiques".
La banque prévoit, selon un communiqué, que son résultat trimestriel sera "légèrement positif", alors que les analystes tablaient jusqu'ici sur près d'un milliard d'euros de bénéfice.
Elle a revu à la hausse ses pertes au vu des "signaux contrastés provenant du marché immobilier résidentiel américain au quatrième trimestre", ses actifs toxiques étant, pour partie, adossés à des prêts immobiliers américains.
L'avertissement a entraîné une forte baisse du cours de l'action, qui perdait 3,44% vers 13H50, dans un marché parisien quasi-stable.
Société Générale a annoncé la semaine dernière sa décision de centraliser à Paris ses actifs toxiques, dont le montant s'élevait au 31 décembre à 37 milliards d'euros.
"Ce durcissement des provisions est une surprise", a commenté dans une note Pierre Chédeville, analyste chez CM-CIC Securities, qui s'attendait cependant à "plusieurs centaines de millions complémentaires" de dépréciations et de provisions sur les actifs toxiques.
"La banque semble vouloir accélérer le nettoyage de son bilan", a-t-il ajouté.
Le directeur du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn avait estimé fin novembre qu'il restait "d'importantes pertes non dévoilées" dans les bilans des banques, et appelé à "un nettoyage complet du bilan des banques", notamment les européennes.
"50% sont peut-être encore cachées", avait-il dit.
"Il se peut qu'il reste des amortissements à passer sur des actifs", mais "tout est transparent" et "ce n'est pas un problème en soi", avait rétorqué Guido Ravoet, secrétaire général de la Fédération bancaire européenne.
En dépit de son avertissement sur résultats, la Société Générale se dit "confiante pour 2010", ce qui signifie, selon M. Chédeville, qu'elle pourrait être en mesure d'atteindre le montant de bénéfice annuel prévu par les analystes, d'environ 3 milliards d'euros.