Le volume des crédits des banques françaises aux ménages et aux entreprises devrait stagner en 2009, loin de l'objectif d'une hausse de 3 à 4% fixée par le gouvernement, soucieux de relancer l'économie frappée par la crise.
La ministre de l'Economie Christine Lagarde, qui a pressé toute l'année les banquiers de continuer à prêter, réunira en février, une fois les chiffres annuels connus, les dirigeants des principaux réseaux pour "tirer le bilan de 2009 et dresser les perspectives de 2010", a indiqué son entourage mercredi.
Le secteur bancaire s'était engagé fin 2008 à faire progresser le montant des crédits accordés aux entreprises et aux ménages de 3 à 4% sur l'année 2009, en échange de l'injection par l'Etat de 10,5 milliards d'euros au capital des six plus grandes banques privées françaises.
Cette promesse ne pourra être tenue, au vu des chiffres publiés mercredi par la Banque de France (BdF). Le stock de crédits y apparaît en novembre de 1.740,2 milliards d'euros (hors secteur financier), en hausse de 1,0% par rapport à novembre 2008.
Dans le détail, les crédits aux entreprises ont reculé de 2,3% sur un an, particulièrement les crédits de trésorerie (-17,5%), tandis que les crédits aux ménages ont légèrement progressé de 3,7%.
Le volume de nouveaux crédits accordés de novembre 2008 à octobre 2009 a chuté de près de 25% par rapport à la même période de l'année précédente.
"Pour les petites et moyennes entreprises, il y a toujours des difficultés à avoir des crédits, surtout de court terme", a témoigné mercredi le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) Jean-François Roubaud.
"J'aimerais que les banques, qui ont renoué avec le profit, aident davantage les entreprises qui vont avoir un trimestre difficile à la rentrée, alors qu'elles ont utilisé toutes les facilités mises en place par le gouvernement, et que les carnets de commandes ne sont pas garnis correctement", a-t-il déclaré à l'AFP.
La directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF) Ariane Obolensky a reconnu la semaine dernière sur BFM radio que l'objectif de 3 à 4% ne serait pas tenu; mais il n'était selon elle "pas réaliste", car la prévision de hausse du Produit intérieur brut (PIB) pour 2009 était au moment où l'engagement a été pris bien supérieur à ce qu'elle sera finalement.
Le gouvernement tablait fin 2008 sur une croissance de 0,2 à 0,5% du PIB alors qu'il devrait finalement reculer de -2,25%.
Dans un communiqué diffusé mercredi, la FBF a à nouveau justifié l'atonie des crédits aux entreprises par la faiblesse de la demande, et mis en exergue les efforts faits par les banques françaises sur les taux d'intérêt pour les entreprises comme pour les crédits immobiliers.
Pour Cyril Blesson, de la société de conseil Seeds Finance, la mollesse de la progression du crédit s'explique aussi par le fait que les banques ont dû "reconstituer leur marge" et resserrer les conditions de distribution du crédit, dans un contexte de hausse des défauts des emprunteurs.
Sans préjuger du bilan qui sera tiré en février, l'entourage de Mme Lagarde a observé mercredi que les chiffres du crédit en France étaient meilleurs qu'au niveau européen.
Selon les statistiques de la Banque centrale européenne publiées mercredi, le volume de crédits a diminué en novembre de 0,7% dans la zone euro (-1,9% pour les entreprises et +0,5% pour les crédits aux ménages).