Les agents chargés de l'approvisionnement des distributeurs de billets ont obtenu une revalorisation de leur prime de risques, à l'issue d'une grève de plusieurs jours d'une partie d'entre eux, mais la question de leur sécurité reste posée face aux attaques qui les visent.
Cinq organisations (CFDT-CFTC-CFE/CGC-FNCR-FO) ont signé un accord avec le patronat du secteur (Fédération des entreprises de la sécurité fiduciaire, Fedesfi) mercredi lors d'une réunion au ministère des Transports à La Défense.
"Cela ne nous satisfait pas complètement, mais c'est une issue de secours qui permet de faire passer la prime des dabistes de 73 euros à 140 euros en janvier et à 150 euros à partir de juillet", a déclaré à l'AFP M. Guyomard, délégué CFTC.
"C'est un accord honorable qui comprend une revalorisation des grilles de salaires de toutes les catégories (dabistes, convoyeurs, agents de caisse) comprise entre 8,6 et 10,6%, étalée en deux fois sur 2010", a précisé Pascal Guiroga, délégué CFDT, premier syndicat du secteur.
Il n'y avait pas eu de revalorisation des minima conventionnels depuis 2006.
Cet accord reprend en fait les dernières propositions de la Fedesfi pour les salaires conventionnels et permet d'augmenter la prime de risques, sans aller toutefois jusqu'à l'alignement sur les conyoyeurs (233 euros mensuels), qui était la demande initiale de l'intersyndicale.
Les cinq syndicats, et la CGT qui était absente à la réunion de mercredi, avaient appelé à la grève depuis vendredi dans l'ensemble du secteur, notamment chez les leaders tels que Brink's et Loomis.
Le mouvement n'avait pas créé de très fortes perturbations, même si les syndicats avançaient des taux de grévistes autour de 50 à 60%. La Fedesfi, tout en reconnaissant des "problèmes très localisés", parlait mardi d'un "mouvement qui ne prend pas".
Environ un millier de dabistes approvisionnent 40% du parc des 50.000 distributeurs en France, le reste étant directement alimentés par les banques.
Au-delà de cet accord, patronat et syndicats se retrouveront en janvier pour aborder le problème de la sécurité des dabistes.
En 2009, selon Patrick Lagarde, président de la Fedesfi et PDG de la Brink's, 61 attaques contre des distributeurs ou des dabistes ont été recensées, ayant fait quelques blessés légers mais avec des risques potentiels importants. Ce chiffre constitue un record historique depuis l'apparition de cette forme de criminalité, il y a une dizaine d'années
Les attaques de convoyeurs sont moins nombreuses mais plus violentes, précise M. Lagarde. "Il faut trouver un autre mode opératoire pour les dabistes, car l'actuel a montré ses limites, au moins dans les zones à risques, on a rajouté des équipements mais il y a beaucoup trop d'attaques encore", juge-t-il.
Les dabistes chargent les distributeurs ou les réparent, depuis les coffres des agences bancaires. Les attaques, qui sont en augmentation, selon patronat et syndicats, sont deux fois sur trois réalisées avec des voitures-béliers.
Face à cette insécurité, qui préoccupe aussi le ministère de l'Intérieur, le patronat veut associer les dabistes aux convoyeurs de fonds qui circulent dans des véhicules blindés et sont armés.
Les dabistes circulent en véhicules banalisés, en civil et sans arme. Certains sont attachés à le rester, estimant que "les armes appellent les armes".
"Le temps d'intervention d'un dabiste peut aller au-delà d'un demi-heure, alors qu'un véhicule blindé ne doit pas rester plus de 10 à 12 minutes pour une sécurité maximale", souligne aussi Pascal Guiroga (CFDT).