La Russie a annoncé mardi une reprise prochaine de ses achats de gaz auprès du Turkménistan à l'occasion d'une visite du président russe Dmitri Medvedev, de quoi tourner la page sur plus de six mois de querelle entre Moscou et Achkhabad, très courtisé.
"Nous prévoyons de commencer les livraisons à partir du 1er janvier mais pas plus tard que le 10 janvier", a déclaré à la presse le vice-président de Gazprom, Alexandre Medvedev.
M. Medvedev a évoqué des volumes allant jusqu'à 30 milliards de m3 par an, sans toutefois préciser si ces quantités s'appliqueraient dès 2010. Il a également refusé de préciser le prix, arguant du "secret commercial".
Les livraisons se feront dans le cadre d'un contrat à long terme courant jusqu'à 2028, qui avait été conclu en 2003. Gazprom et Turkmengaz ont signé mardi un complément à ce contrat.
"Nous achevons l'année sur une note positive", s'est félicité le président russe Dmitri Medvedev.
"C'est notre cinquième rencontre cette année et elle se déroule de manière positive. Nous qualifions nos relations avec la Russie de partenariat stratégique", a pour sa part déclaré le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov.
Une source gouvernementale turkmène a pourtant dit à l'AFP que les négociations précédant la signature du contrat gazier avaient été "très longues et très dures".
"Il faut rendre hommage aux deux parties qui ont réussi à passer de griefs mutuels à un partenariat civilisé", a ajouté cette source.
Une dispute gazière empoisonnait les relations russoûturkmènes depuis l'explosion survenue en avril sur un gazoduc reliant les deux pays et l'interruption des livraisons vers la Russie, soit la quasi-totalité des exportations de gaz turkmènes.
Le Turkménistan avait alors accusé Moscou d'être à l'origine de l'explosion, laissant entendre que la Russie cherchait une excuse pour ne plus importer de gaz turkmène à un moment où la demande s'effondrait en Europe.
Confronté aux conséquences de la crise financière, Gazprom a prévu dans son budget pour 2010 de n'acheter plus que 10,5 milliards de mètres cubes de gaz à Achkhabad.
La Russie dispose d'un quasi-monopole sur les exportations de gaz turkmène, qui se font à travers son réseau de gazoducs datant de l'époque de l'URSS. Elle a longtemps profité de tarifs préférentiels sur le gaz turkmène, qu'elle revendait ensuite en Europe avec un bénéfice.
L'explosion d'avril a poussé le Turkménistan à chercher des itinéraires d'exportation alternatifs.
L'Union européenne a tenté d'exploiter ce différend pour renforcer sa coopération avec le Turkménistan, et réduire sa dépendance vis-à-vis de Moscou, non sans difficulté.
La Chine a quant à elle réussi à étendre ses rets grâce à ses immenses réserves de liquidités: le 14 décembre, son président Hu Jintao a inauguré au Turkménistan un gigantesque gazoduc, qui doit fournir jusqu'à 40 milliards de mètres cubes de gaz naturel turkmène d'ici 2012-2013 à la Chine.
Gazprom a pour sa part tenu à mettre en avant mardi de brillantes perspectives avec Achkhabad, comme "la construction d'un nouveau gazoduc" via le Turkménistan vers l'Europe, ou la coopération dans les domaines de l'exploration et de la production d'hydrocarbures dans la zone turkmène du plateau continental de la Caspienne.
"Cette visite est un succès du point de vue politique", a déclaré à l'AFP Valéri Nesterov, analyste de la banque d'investissement Troïka Dialog.
Il a toutefois estimé que Gazprom aurait du mal à acheter 30 milliards de m3 de gaz turkmène par an vu la chute de la demande sur les marchés.