Le ministre du Budget, Eric Woerth, a tenté jeudi de jouer la carte de l'apaisement devant le Sénat français, qui voulait inscrire la Suisse sur la liste noire des paradis fiscaux dans l'affaire de la HSBC.
De son côté, la Suisse exigerait la restitution par la France avant le 25 décembre de données volées à la banque privée HSBC ayant permis d'établir une liste de contribuables français soupçonnés de fraude, selon le quotidien Le Figaro à paraître vendredi.
M. Woerth a demandé en fin d'après-midi aux sénateurs de ne pas "jeter de l'huile sur le feu" et de retirer leur amendement qui aurait permis d'inscrire la Suisse sur la liste noire des paradis fiscaux.
Le ministre et les sénateurs ont finalement convenu de reporter à vendredi le vote de l'amendement, le temps de revoir sa rédaction.
En l'état, il prévoit que les Etats qui n'ont pas ratifié leur "convention d'assistance administrative" passée avec la France, sont considérés comme "non-coopératifs" dans la lutte contre les paradis fiscaux.
L'amendement vise directement la Suisse: Berne a annoncé mercredi qu'elle allait suspendre le processus de ratification parlementaire de cet accord, pour protester contre l'utilisation par les autorités françaises de données volées à la banque HSBC à Genève.
Pour sa part, Le Figaro a indiqué en début de soirée, dans son édition à paraître vendredi, que la Suisse exige la restitution avant le 25 décembre des données volées à HSBC.
Le procureur fédéral helvète qui suit l'enquête depuis ses débuts a demandé dans un courrier adressé aux autorités françaises la restitution immédiate des très sensibles codes, selon Le Figaro, et ce d'ici le 25 décembre.
La colère grondait depuis plusieurs jours dans la Confédération helvétique, qui s'est sentie flouée par les dernières révélations en France sur la façon dont Paris a obtenu sa liste de quelque 3.000 contribuables soupçonnés d'avoir ouvert frauduleusement des comptes en Suisse.
Tout avait commencé par un vol de données bancaires par un informaticien de la filiale genevoise de la banque britannique HSBC Private Bank, entre 2006 et 2007.
Quand la banque découvre l'affaire, l'employé, d'origine franco-italienne, est arrêté et interrogé en décembre 2008. Libéré, l'homme de 38 ans se réfugie dans le sud de la France. Mais la Suisse envoie à son voisin une demande d'entraide judiciaire.
Les autorités françaises découvrent alors l'existence de l'employé et mettent la main sur la mine d'or. Les données, dont le chiffre varie de 130.000 noms, selon le procureur de Nice, Eric de Montgolfier, à "moins de dix", selon HSBC, sont transmises à l'administration fiscale.
Alors que les révélations se succédaient dans la presse, la Suisse a finalement réagi, face à une affaire qui met une nouvelle fois en cause sa capacité à protéger les clients de ses banques, avides de discrétion.
Le ministère français des Affaires étrangères a mis en garde contre un retard "à l'excès" de la ratification de cet accord fiscal signé en août entre Paris et Berne.
Prenant toutefois garde à ne pas envenimer les choses, le quai d'Orsay a noté que les Suisses n'avaient "pas évoqué la remise en cause définitive de la ratification" de l'accord prévoyant l'échange de données bancaires et pris "acte" qu'un tel changement puisse nécessiter "un délai de réflexion supplémentaire".