La France a continué au troisième trimestre à détruire des emplois salariés à un rythme de -80.700 proche du deuxième trimestre (-87.000), selon l'Insee dont les chiffres révisés communiqués jeudi sont beaucoup moins bons que l'estimation provisoire diffusée le 13 novembre.
Cela ramène le nombre de salariés dans l'ensemble de l'économie (hors agriculture et emploi public des secteurs non marchands) à 17,918 millions fin septembre, a précisé l'Insee.
Début 2009, un nombre record d'emplois avait été détruits en un seul trimestre (-178.700), deux fois plus que sur toute l'année 2008.
L'estimation provisoire qui avait fait apparaître le 13 novembre un spectaculaire ralentissement des pertes d'emplois ne tenait pas compte des établissements de dix salariés et moins.
"La baisse de l'emploi se poursuit au 3ème trimestre", a résumé l'Insee, et dans les secteurs marchands on reste "dans la lignée du deuxième trimestre". L'Insee a révisé le nombre d'emplois perdus au 3e trimestre à -93.100 (-0,6%) au lieu de -5.500 postes initialement annoncés (après -93.500 au 2e trimestre).
Par rapport à septembre 2008, l'économie a perdu 408.600 postes (-2,2%), principalement dans l'industrie et l'intérim, selon l'Insee.
L'industrie perd des emplois depuis 2001, le mouvement ne s'est pas arrêté au 3ème trimestre (-49.400) et dans la construction, il s'est "accéléré" (-16.100). C'est même "le plus mauvais résultat depuis dix ans", selon Bernard Ernst, ex-directeur des statistiques de l'Unedic, passé à Pôle emploi.
Maigre consolation, la "forte hausse" des effectifs dans l'intérim au 3ème trimestre est confirmée (+36.900).
Hors intérim, la baisse de l'emploi tertiaire a été cependant "plus marquée qu'au trimestre précédent", souligne l'Insee.
En revanche, les secteurs principalement non marchands (administration, éducation, santé, action sociale) ont de leur côté continué à créer des emplois.
Dans une note distincte, Pôle emploi a livré des projections pour 2009-10 qui augurent d'une poursuite de la progression du chômage en 2010 "mais à un rythme très atténué", la tendance devant s'inverser au deuxième semestre, selon M. Ernst.
Il y aurait 604.000 demandeurs d'emploi supplémentaires en catégorie A, B, C cette année en raison de la récession, la plus forte depuis l'après-guerre (-2,3%) puis 102.000 l'an prochain sur la base d'une croissance du PIB à +1,3%.
"Ces chiffres ne sont pas en contradiction avec notre discours très prudent sur l'état de la conjoncture française", a-t-on souligné dans l'entourage de la ministre de l'Economie Christine Lagarde, qui pointe avec "embarras les écarts" entre l'Insee, Pôle emploi et l'Urssaf.
En effet, Pôle emploi, dont le champ statistique est plus étroit, a fait état de -48.100 pertes nettes d'emplois salariés au 3ème trimestre (-0,3%) après -71.200 au 2ème. Sont comptabilisés 16,32 millions de salariés affiliés à l'assurance chômage (-370.600 sur un an ou -2,2%).
"Il y a une nette décélération par rapport au premier et deuxième trimestre, mais cette moindre dégradation est en trompe l'oeil, car les CDD et CDI ont chuté à un niveau supérieur et le noyau dur de l'emploi continue d'être touché", a souligné M. Ernst. Seule la Corse tire son épingle du jeu mais à très petite échelle.
L'Acoss (banque de la Sécu), qui fédère les Urssaf chargées de collecter les cotisations sociales et dont le champ est encore différent, a aussi enregistré un ralentissement du recul de l'emploi salarié (-0,4% au 3ème trimestre après -1,2% et -1,1%).