Au pied du mur après la dégradation de ses perspectives économiques par les grandes agences de notation, le Premier ministre grec Georges Papandréou convoque une réunion de tous les partis pour envoyer le message que la Grèce entend "nettoyer" son économie.
La réunion des chefs des partis de droite, communiste, de la gauche radicale et de l'extrême droite se tiendra la semaine prochaine sous l'égide du chef de l'Etat, Carolos Papoulias, a indiqué M. Papandréou en sortant du palais présidentiel.
"Il s'agit de se rassembler dans le combat contre la corruption et en faveur de la transparence, du juste fonctionnement de l'Etat, doté d'un système fiscal juste, que chaque citoyen grec respectera et qui frappera l'évasion et la fraude fiscales", a déclaré M. Papandréou.
Cette réunion est destinée à "donner un puissant message à l'étranger, montrant que nous sommes déterminés à aller de l'avant, à +nettoyer+ notre économie et à donner des perspectives pour un développement différent qui apportera de l'espoir à chaque citoyen grec", a-t-il ajouté.
Au pouvoir depuis deux mois, M. Papandréou a dramatisé la situation mercredi en affirmant que la crise menaçait "la souveraineté nationale", faisant tous les gros titres de la presse nationale.
La Grèce a été sanctionnée cette semaine pour l'ampleur de son déficit budgétaire par les agences de notation.
Devant l'ampleur de la crise qui affole les places financières et la zone euro, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a une nouvelle fois exclu, jeudi ,l'hypothèse d'une "banqueroute" de la Grèce.
Tous les analystes relevaient jeudi l'urgence de mesures supplémentaires pour réduire davantage le déficit et la dette publique qui ont explosé en 2009.
Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a appelé le gouvernement grec à prendre des mesures "courageuses" pour réduire son déficit budgétaire et sa dette.
Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a déjà promis de nouvelles mesures dans le courant 2010 laissant ouvert l'éventualité d'une réduction plus rapide du déficit par rapport à l'objectif de 9,1% du PIB prévu dans le budget 2010, soit une baisse de 3,6 points par rapport à 2009.
M. Papanconstantinou a affirmé que les mesures fiscales prévues en 2010 seront "radicales" et comprendraient un élargissement de la base fiscale et des peines plus dures pour les fraudeurs, le changement de la fiscalisation des entreprises avec l'inclusion des dividendes dans la déclaration des revenus, ainsi que le retour de l'impôt sur les grandes fortunes.
Il a rappelé les objectifs du budget 2010 : baisse de 10% des dépenses publiques de fonctionnement, gel des embauches sauf dans les secteurs sensibles. Il a aussi annoncé la baisse des commandes d'armement pour les trois prochaines années.
"Il est indispensable que la Grèce réduise avant tout fortement ses dépenses, en réduisant en premier lieu le coût des effectifs dans la fonction publique. Il faut aussi augmenter les impôts", a estimé à l'AFP M. Arnaud Tellier, directeur d'une banque française en Grèce.
M. Tellier s'attend à ce que les mesures entraînent "une agitation sociale dans les mois qui viennent, mais il n'y a pas d'autre solution. Les revenus et la consommation vont baisser et la croissance risque de stagner. Mais il n'y a pas de meilleur moment pour prendre ces mesures difficiles (...) C'est aujourd'hui qu'il faut prendre des décisions courageuses".
"Il n'est pas question que les travailleurs fassent les frais de la crise", a prévenu de son côté Stélios Anestis, un dirigeant de la puissante Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE, 600.000 adhérents).
"Nous allons réclamer une politique fiscale juste pour répartir le poids des charges et la sauvegarde des droits acquis des travailleurs, il faut que les banques et les grandes entreprises prennent leur part de responsabilité", a ajouté M. Anestis.