François Fillon a affirmé jeudi à Bonn (Allemagne) que la sortie de crise sera "dangereuse" avec un chômage qui "risque de continuer à augmenter" souhaitant que l'Europe ne "se contente pas des perspectives de croissance molle qu'on lui promet".
"La sortie de crise est en vue. La croissance en 2010 sera meilleure que prévu il y a encore quelques mois dans beaucoup d'Etats membres. Mais cette sortie de crise sera dangereuse", a déclaré M. Fillon lors du Congrès du Parti populaire européen (PPE), dont est membre l'UMP, qui se tenait dans l'ancien Bundestag d'avant la réunification allemande.
"Le chômage va continuer à augmenter au cours des prochains mois" et la "situation budgétaire de plusieurs Etats membres est préoccupante", a estimé M. Fillon.
Pour le chef du gouvernement, "le retard de production, d'investissement et de croissance dû à la crise va être long à rattraper" alors que "pendant ce temps, l'Asie est en train de creuser l'écart".
C'est pourquoi, selon lui, "l'Europe ne peut pas se contenter des perspectives de croissance molle qu'on lui promet" car "ce ne serait pas compatible avec la préservation de notre modèle social".
En France, le gouvernement a préparé son budget 2010 sur la base de 0,75% de croissance mais table sur 1,5%.
Dans le même temps, le Premier ministre a demandé à l'Europe des 27 de "mettre en place une stratégie de sortie de crise pour les finances publiques" qui "respecte le pacte de stabilité" (déficit maximum à 3% du PIB) mais qui "préserve le potentiel de croissance".
Le déficit atteindra l'an prochain en France un niveau record de 8,5% du Produit intérieur brut. Paris a accepté de se fixer comme objectif de le ramener en dessous de 3% du PIB dès 2013, comme demandé par Bruxelles, mais à condition qu'une croissance forte permette de respecter ce délai.
"L'économie sociale de marché nécessite une croissance économique vigoureuse", a estimé François Fillon réclamant une "stratégie" européenne reposant sur "deux piliers": "une meilleure coordination des politiques économiques nationales et une meilleure contribution des politiques européennes à la croissance et à l'emploi".
La Chancelière allemande Angela Merkel qui concluait la réunion s'est dite "absolument d'accord" avec le Premier ministre français sur la nécessité de "mieux coordonner les politiques économiques".
Les avis des deux responsables politiques convergent aussi sur l'effet "d'entraînement" que peuvent avoir les programmes européens de recherche s'ils "sont plus concentrés et mieux gérés", selon les mots de M. Fillon.
L'Europe doit "approfondir son marché intérieur tout en répondant aux craintes d'harmonisation sociale par le bas", a-t-il plaidé, se félicitant que la droite européenne soit "plus que jamais le premier parti d'Europe", avec notamment l'élection du Belge Herman Van Rompuy comme premier président du Conseil européen.