
L'Afrique du Sud a annoncé qu'elle annulait sa commande de huit avions de transport militaires Airbus A400M, portant un nouveau coup dur à ce programme en retard d'au moins trois ans.
Le gouvernement a annoncé avoir "décidé de mettre un terme au contrat controversé portant sur l'achat de huit Airbus A400M", lors d'un conseil des ministres.
"L'escalade des coûts aurait placé une charge insupportable sur les contribuables à un moment où le budget de l'Etat est déjà sous pression à cause de la crise mondiale", a déclaré un porte-parole du gouvernement.
Selon l'Afrique du Sud, le coût des appareils a explosé, de 837 millions d'euros fin 2004 à 3,5 milliards aujourd'hui. Le gouvernement affirme qu'il sera remboursé de ses avances versées à Airbus, parce que l'avionneur n'a pas respecté les délais.
Airbus avait lancé le programme A400M en signant un contrat de 20 milliards d'euros en mai 2003 avec sept pays européens (Allemagne, Espagne, France, Royaume-Uni, Turquie, Belgique et Luxembourg) pour 180 appareils. En 2005, deux clients export avaient suivi: l'Afrique du Sud pour huit avions et la Malaisie pour quatre.
La décision de l'Afrique du Sud tombe mal pour Airbus, à l'heure où l'avionneur négocie un nouvel accord avec les gouvernements européens exaspérés par les trois ans de retard au minimum accumulés par le programme. Le premier avion ne devrait en effet pas être livré avant 2013, alors que les flottes actuelles de nombre de pays sont en fin de vie.
Le directeur des programmes d'Airbus, Tom Williams, a jugé jeudi que l'annulation annoncée par l'Afrique du Sud constituait une "surprise complète".
"Il nous appartient de retourner voir les Sud-Africains et d'avoir des discussions" mais "nous serions déçus si le client décide effectivement de renoncer", a-t-il ajouté.
Airbus a aussi précisé être "en train d'étudier le potentiel impact financier de cette annonce". EADS, la maison mère d'Airbus, a déjà dû prendre pour 2,3 milliards de provisions en raisons des retards de son avion, qui s'est avéré plus complexe qu'anticipé à fabriquer.
Airbus dit regretter d'autant plus la décision sud-africaine qu'elle arrive à quelques semaines d'un pas décisif. M. Williams s'est en effet dit "très confiant" que l'avion puisse enfin voler avant la fin de l'année à Séville, après des retards de développement liés en particulier au système de motorisation de l'appareil.
Malgré ce revers pour Airbus, l'avenir de l'A400M ne devrait pas pour autant être menacé par la seule décision sud-africaine.
"Le programme existe de toute façon grâce à sa dimension européenne", a ainsi estimé le porte-parole du ministère français de la Défense.
Reste que "ce n'est pas une très bonne nouvelle" pour EADS, qui mise sur le potentiel à l'exportation de l'A400M pour rentabiliser le programme à l'avenir, juge un analyste du CM-CIC.
Le gouvernement sud-africain n'a probablement pas obtenu les garanties de délais de livraison qu'il espérait de la part d'Airbus, explique cet analyste: "Je ne serais pas étonné qu'il passe commande d'un avion déjà existant, un Hercules C-130 américain par exemple" pour avoir "plus de visibilité" sur leur calendrier.