Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a souhaité vendredi que le secteur financier, sauvé de la faillite à coup de centaines de milliards d'argent public, soit taxé pour les risques qu'il fait peser sur la collectivité.
Il a également jugé que de "nouvelles mesures" étaient "nécessaires" pour renforcer le capital des banques, et a indiqué que la Fed allait organiser des tests de résistance "plus fréquents et plus larges" pour mieux évaluer les risques posés par les banques qu'elle est chargée de réguler.
"Tout coût supporté par le gouvernement pour assurer le démantèlement ordonné [d'entreprises financières] devrait être supporté par l'industrie financière, par le biais d'une contribution, et non par les contribuables", a déclaré M. Bernanke lors d'une conférence à Chatham, dans le Massachusetts (Nord-Est des Etats-Unis).
"Il est nécessaire de prendre de nouvelles mesures pour faire en sorte que les organisations bancaires aient suffisamment de capital", a ajouté M. Bernanke, dans ce discours consacré à la régulation financière et transmis à la télévision.
Affirmant que "la tourmente financière [était] en train de faiblir", M. Bernanke a répété que "l'heure [était] venue pour les dirigeants d'agir pour faire baisser la probabilité de toute future crise et d'en atténuer la gravité".
Reconnaissant que la Fed n'avait pas su mener son travail de régulation et de supervision "au bon moment", M. Bernanke a réaffirmé vouloir tirer les leçons de la crise et renforcer les contrôles de la banque centrale sur le monde bancaire.
"Notre approche de la supervision devrait refléter la mission qui est la nôtre, en tant que banque centrale, d'assurer la stabilité financière", a-t-il même déclaré, alors que cette mission n'est pas explicitement dans le mandat de la Fed et que certains de ses dirigeants ont pu juger "irréaliste" qu'une telle tâche incombe à la Réserve fédérale, déjà chargée d'assurer la stabilité des prix et le plein emploi.
"Le processus de résolution des problèmes" mis en évidence par la crise "ne fait que commencer", a estimé de son côté le vice-président de la Fed, Donald Kohn, lors d'une intervention à la même conférence que M. Bernanke, plaidant une nouvelle fois pour une coopération internationale en matière de régulation financière.
"Il faut combler les manques à l'échelle de la planète afin d'empêcher que ne se créent [entre les pays] des écarts [...] susceptibles de saper l'efficacité de la régulation", a-t-il dit.
C'est particulièrement important en ce qui concerne la définition de normes plus strictes pour les entreprises dites "systémiques" (celles dont la faillite risquerait de mettre en péril l'ensemble du système financier) afin "d'éviter que les règles du jeu ne soient pas les mêmes pour tous", a ajouté M. Kohn.
Dans son allocution, M. Bernanke, a justement plaidé pour l'imposition de normes de capital plus strictes pour ces très grosses sociétés, allant jusqu'à avancer l'idée révolutionnaire d'une "surtaxe sur leur capital".
Pour plus de sûreté, a ajouté M. Bernanke, on pourrait aussi leur "imposer d'émettre du capital d'appoint, comme des simili-obligations qui pourraient être converties en fonds propres en période de tensions macroéconomiques ou en cas d'érosion de la base financière de ces institutions".