La Bourse de Paris a traversé cette semaine une nouvelle zone de turbulences, corrigeant ses excès d'optimisme avant les résultats du troisième trimestre, ce qui ne devrait pas remettre en cause le scénario de reprise, assurent plusieurs analystes.
Sur la semaine écoulée, le CAC 40 a perdu 2,44% pour s'établir vendredi à 3.649,90 points, loin de ses sommets annuels autour de 3.850 points, atteints mi-septembre. Il avait déjà perdu 2,32% la semaine passée.
L'indice parisien a souffert de statistiques décevantes aux Etats-Unis, en premier lieu le nombre de destructions d'emplois en septembre qui a douché l'optimisme des marchés. "Depuis le début de la récession, les Etats-Unis ont perdu 7,6 millions d?emplois, rappelle Christian Parisot, économiste chez le courtier Aurel pour qui les chiffres de septembre sont clairement négatifs.
Avant cela, un indicateur de confiance des consommateurs américains, le PMI de Chicago et l'ISM manufacturier, qui reflètent la santé de l'industrie, avaient ravivé les craintes des investisseurs sur la solidité de la reprise.
"Le niveau des attentes a monté il y a quelques semaines, car le marché s'est habitué à avoir des nouvelles meilleures que prévu", explique Frédéric Buzaré, directeur de la gestion actions chez Dexia Asset Management. Mais "cela ne veut pas dire que la dynamique est cassée", tempère-t-il.
Le repli du marché parisien a certes freiné l'optimisme régnant après une embellie estivale et un mois de septembre, contre toute attente, très bien orienté, mais il doit beaucoup à des phénomènes de surréaction, selon lui.
Pour Marc Touati de Global Equities, le comportement du marché est tout simplement celui "d?enfants gâtés" qui feraient "la fine bouche".
"Il y a encore quatre mois, (les marchés) n?auraient même pas osé rêver que les destructions d?emplois mensuelles aux Etats-Unis passent sous la barre des 300.000 ou que l?indice ISM puisse dépasser la barre des 50 avant 2010", indique-t-il.
En outre, tous les signaux n'ont pas été négatifs cette semaine: des indicateurs comme le Case-Shiller ont montré que l'immmobilier américain, à l'origine de la crise des +subprime+ à l'été 2007, continue de se stabiliser.
Et les analystes de marteler qu'il ne faut pas confondre pause avec retournement de tendance, d'autant plus que les signaux de redémarrage de la machine financière sont là, avec la reprise de mouvements de fusions et acquisitions et des "indicateurs de stress financier normalisés".
Signe positif: le Fonds monétaire international (FMI) a relevé jeudi sa prévision de croissance mondiale pour 2010, même s'il table sur une reprise lente et une poursuite de la hausse du chômage.
Le lancement de la saison des résultats, avec Alcoa mercredi prochain aux Etats-Unis, va permettre aux investisseurs de délaisser un temps le terrain macroéconomique pour se tourner vers les entreprises.
Le marché va suivre de près les résultats du troisième trimestre des entreprises, mais également leurs prévisions pour le trimestre suivant, celui des fêtes de fin d'année, période traditionnelle de forte consommation.
La réunion de la Banque centrale européenne (BCE) prévue jeudi prochain devrait réserver moins de surprises, puisqu'un brusque relèvement des taux d'intérêt, craint par les marchés, n'est pas encore à l'ordre du jour, estiment les analystes.