La pression s'est accentuée mercredi sur le PDG de France Telecom Didier Lombard, qui a déçu les syndicats lors d'une réunion et devra s'expliquer jeudi devant la ministre de l'Economie Christine Lagarde sur ses mesures après 24 suicides de salariés en 18 mois.
Interrogée sur le fait que la ministre pourrait vouloir son départ - tout comme la gauche qui a demandé sa démission - Mme Lagarde a déclaré sur France 2 qu'elle veut jeudi "savoir s'il aura la détermination et la force de mettre en oeuvre ce qui doit être mis en oeuvre pour tempérer ce qui se passe et la violence de ce qui se passe".
Peu auparavant, le ministre du Travail, Xavier Darcos, avait lui apporté un soutien appuyé au PDG de France Telecom, déclarant sur BFM: "Il ne faut pas ajouter la crise à la crise, ce n'est pas une personne qui est responsable, notamment de la mutation technologique qu'ont connu les télécommunications".
Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, s'est aussi refusé à mettre en cause M. Lombard, arguant que France Telecom est "une entreprise en mutation, ses métiers ont changé, il y a un aspect humain qui doit être pris en compte, qui est pris en compte par la direction".
De leur côté, les syndicats avaient été invités dans la journée à une rencontre avec M. Lombard, le directeur des opération France Pierre-Louis Wenes, et le directeur des ressources humaines Olivier Barberot, pour discuter du mal-être au travail.
A son issue, la direction a indiqué qu'un bilan d'étape serait fait avec les syndicats avant le 31 octobre, "avant toute reprise des mobilités", qui sont pour l'instant gelées jusqu'à cette date. Les syndicats demandaient un moratoire jusqu'à la fin des négociations sur le stress, qui doivent s'achever à la fin de l'année.
Un "médiateur des mobilités" a été nommé, qui "en cas de contestation, pourra être saisi directement par tout salarié ou via une organisation syndicale".
Enfin, dans le cadre des négociations en cours, "des critères collectifs seront introduits dans la définition des parts variables en complément de critères individuels, là où ce ne serait pas déjà le cas".
"Cette réunion est un non-événement. On pensait que France Télécom avait pris la mesure de l'attente des salariés, il n'en est rien", a déploré Patrice Diochet (CFTC).
"On est extrêmement déçu. On attendait un message fort, notamment concernant la date butoir du 31 octobre, pour négocier dans la sérénité", a expliqué Sandrine Leroy (FO).
"C'est incompréhensible", a déploré Patrick Ackermann (Sud-PTT), qui a rappelé que localement "les mobilités continuent malgré l'annonce de la suspension des restructurations".
Christian Mathorel (CGT) a "redit qu'il fallait des mesures d'urgences".
"On en appelle à l'Etat", a ajouté Sébastien Crozier (CFE-CGC).
FO et la CFTC appellent à une journée d'action unitaire le 6 octobre, et d'autres syndicats ont déposé des préavis de grève pour le 7, dans le cadre de la journée d'action interprofessionnelle "pour un travail décent".
Les organisations syndicales appellent aussi à des débrayages jeudi, à 15H00, au moment où sera inhumé le salarié qui s'est suicidé lundi en Haute-Savoie.