Excellente nouvelle pour l'économie mondiale, les Etats-Unis se sont relancés dans la course aux importations en juillet, même si cela a signifié que leur balance commerciale s'est fortement creusée.
Selon les chiffres publiés jeudi par le département du Commerce, en données corrigées des variations saisonnières, le déficit commercial a atteint 32,0 milliards de dollars, le plus élevé depuis janvier.
Les Etats-Unis le doivent à un bond de leurs importations (159,6 milliards de dollars), qui ont grimpé de 4,7% par rapport au mois précédent, du jamais vu depuis que le département du Commerce publie ces statistiques, c'est-à-dire depuis 1992.
"Ce qu'il faut retenir, c'est que le bond du déficit commercial en juillet doit être vu comme une bonne nouvelle. C'est un signe que l'économie américaine accélère sa sortie de récession tôt dans le troisième trimestre", a estimé Brian Bethune, d'IHS Global Insight.
Les Etats-Unis représentaient 13,2% des importations mondiales en 2008, d'après l'Organisation mondiale du commerce. Et l'immense trou d'air de la consommation américaine fin 2008 et 2009 s'était fait ressentir sur toute la planète: en l'espace de seulement huit mois de juillet à février, les importations avaient chuté de plus d'un tiers.
Les économistes américains se félicitaient qu'elles se reprennent, après être retombées au premier semestre à leur niveau de 2004.
En juillet, "notre demande de biens de consommation étrangers, de véhicules et de biens d'investissements s'est solidement accrue", a souligné l'économiste indépendant Joel Naroff.
Pour lui, "toute indication que les ménages et les entreprises commencent à donner un coup de main au secteur public pour favoriser la reprise est une nouvelle heureuse".
Parmi les biens, la hausse des importations concerne presque toutes les catégories, avec par ordre d'importance les fournitures industrielles (+3,9%), les biens de consommation (+5,0%), les biens d'investissement (+4,5%) et les véhicules (+21,5%). L'alimentaire (-0,9%) fait exception.
Les importations depuis la Chine (donnée non corrigée des variations saisonnières), premier fournisseur des Etats-Unis, ont été par exemple les plus fortes depuis novembre.
Elsa Dargent, de Natixis, a attribué ce regain "principalement au plan de relance" promulgué en février. Ian Shepherdson, de High Frequency Economics, a relevé que "la hausse des importations d'automobiles a représenté près de la moitié de l'augmentation" des importations de biens en juillet, "la prime à la casse ayant dopé les ventes".
Les exportations américaines ne suivent pas ce rythme, mais elles se portent mieux aussi. "Nous continuons à vendre plus à l'étranger et cela laisse penser que les autres économies commencent aussi à bouger. On nous a acheté plus de biens d'investissements et pas seulement des avions", a expliqué M. Naroff.
Le total des exportations a augmenté de 3,2% par rapport au mois précédent, ce qui est dû entre autres aux biens d'investissement (+2,4%) et aux véhicules (+24,5%).
L'économiste note cependant que "notre situation vis-à-vis de la Chine a empiré". "Nous leur avons acheté beaucoup plus et eux non", a-t-il ajouté.
Le déficit avec le deuxième partenaire commercial de Washington a atteint encore 20,4 milliards de dollars, et grimpe à 123,5 milliards sur les sept premiers mois de l'année. Ce total n'est en baisse que de 14% sur un an, et rien n'indique que ce gouffre, toujours l'un des grands déséquilibres de l'économie mondiale, ait tendance à être comblé.