En quête de nouveaux relais de croissance, le groupe français de médias et de télécoms Vivendi veut prendre pied au Brésil, en acquérant l'opérateur alternatif GVT.
Annoncée dans la nuit de mardi à mercredi, son offre publique d'achat amicale porte sur 100% de GVT et se ferait "à un prix de 42 reals par action". Cette opération valoriserait ainsi l'opérateur brésilien de téléphonie et d'internet "à environ 5,4 milliards de reals ou 2 milliards d?euros".
Vivendi, qui a assorti le lancement de son OPA d'un certain nombre de conditions, a précisé vouloir obtenir "au minimum 51% des titres de GVT".
Le groupe français a expliqué que cette annonce intervenait après la conclusion, mardi, d'un "accord avec les groupes Swarth et Global Village Telecom (Holland) BV, les fondateurs et actionnaires de contrôle de GVT holding SA".
"Les actionnaires de contrôle de GVT se sont engagés à apporter à l?offre de Vivendi au minimum 20% du capital de GVT, sur les 30% environ qu?ils détiennent", a indiqué le groupe.
L'opérateur GVT, qui compte 2,3 millions de lignes en service, a connu ces trois dernières années "des taux de croissance annuels de 31,1% de son chiffre d?affaires et de 40,2% de son Ebitda (résultat brut d'exploitation) ajusté", a rappelé Vivendi.
Dans un entretien à l'AFP, le président du directoire de Vivendi Jean-Bernard Lévy a souligné que cet investissement était "très important", car il remplissait "l'objectif que Vivendi soit progressivement plus présent dans des économies à croissance rapide". "Indiscutablement, le Brésil est un pays extrêmement prometteur", a-t-il ajouté.
Selon l'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe (IDATE), le marché des télécoms brésiliens (fixe, internet, mobile) représente 43% du marché total sud-américain avec un chiffre d'affaires de 37,6 mds d'euros en 2008.
Depuis plusieurs mois, le groupe français --dont les activités, en particulier celles de sa filiale de téléphonie SFR, voient leur croissance se tasser-- est à la recherche d'acquisitions en dehors des pays occidentaux.
"A long terme, la croissance viendra plus des pays émergents que des pays développés. Or, dans le portefeuille d'activités de Vivendi aujourd'hui, les pays émergents représentent très nettement moins de 20%", a expliqué à l'AFP Christophe Cherblanc, analyste à la Société générale.
"C'est pour cela qu'ils ont regardé un certain nombre de dossiers, comme Tunisie Telecom, la Turquie ou (les actifs africains de l'opérateur koweïtien) Zain", a-t-il ajouté.
Vivendi a mis un terme à ce dernier dossier fin juillet, en raison d'un désaccord sur le prix, jugé trop élevé, le groupe refusant de mettre en danger "l'argent de ses actionnaires".
Le président du directoire a souligné que le rachat de GVT se ferait sans augmentation de capital: "nous avons des liquidités bancaires qui nous permettent de financer aisément cette transaction. Nous ne faisons aucune acquisition qui mette en péril notre dividende ou notre notation".
Le prix annoncé, 2 milliards d'euros maximum, "est tout à fait dans leur marge de manoeuvre", a confirmé M. Cherblanc. Une position partagée par les analystes de Natixis.
Toutefois, les investisseurs semblaient circonspects sur ce rachat: à la Bourse de Paris, à 13H42 (11H42 GMT), le titre perdait 2,57%, à 19,5 euros, dans un marché en hausse de 0,43%.
Dans le cadre de sa stratégie de renforcement dans les pays émergents, Vivendi a récemment lancé au Vietnam, via Canal+, un bouquet de télévision payante par satellite. Déjà présente dans plusieurs pays africains, son autre filiale, Maroc Telecom, a, elle, acquis en juillet 51% de l'opérateur historique du Mali, Sotelma.