En donnant à Chevron (-0,16% à 70,64 dollars) son feu vert au vaste projet d'exploitation de gaz naturel liquéfié (GNL) de Gordon, Peter Garrett, ministre de l'ENVIRONNEMENT australien a pris le risque de décevoir un peu plus ses fans. Avant de faire son entrée dans le gouvernement travailliste, fin 2007, Peter Garrett était pourtant l'une des célébrités les plus appréciées d'Australie. La rock-star, chanteur du groupe Midnight Oil était aussi populaire pour ses chansons que pour sa détermination à dénoncer la pollution causée sur ses terres par les compagnies pétrolières et minières.
Las, devant le nombre d'emplois dans la balance, Peter Garrett a sacrifié ses idéaux sur l'autel du pragmatisme. Selon Roy Krzywosinski, directeur général de Chevron en Australie, le projet Gordon "devrait apporter un bénéfice important à l'économie du pays en créant environ 10 000 emplois directs et indirects".
Fin juillet, sa décision d'autoriser l'ouverture d'une nouvelle mine d'uranium dans le sud du pays avait déjà ulcéré ses anciens amis. "La nappe phréatique va être polluée. Le ministre aurait pu exiger des conditions plus strictes, il aurait d- exiger un processus de réhabilitation du site", a jugé David Noonan, de l'Australian Conservation Foundation, organisation environnementale présidée durant dix ans par...Peter Garrett, selon "Le Monde".
Cette fois-ci pourtant, l'ex-rocker a peut-être évité la polémique en posant 28 conditions pour protéger la vie sauvage. Il a promis que des mesures seront prises pour protéger notamment les tortues menacées présentes sur l'île de Barrow, située à 50 kilomères des côtes occidentales australiennes.
Si le projet Gordon risque de gonfler le groupe intitulé "Peter Garrett est l'homme le plus décevant d'Australie" très actif sur le réseau social sur internet Facebook, il fait les affaires de Chevron et ses partenaires, Shell et ExxonMobil.
Leur société formée pour l'occasion a déjà signé un contrat de 41 milliards de dollars avec la major chinoise PetroChina et un autre de 21 milliards de dollars avec l'indien Petronet.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pétrole et parapétrolier
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a légèrement revu à la hausse sa prévision de demande mondiale de pétrole. Elle estime désormais que cette demande devrait reculer de 2,9% cette année, contre une précédente estimation de 3%. Cette révision signifierait que le pire de la récession est passé. Le recul de la demande de pétrole est lié à une consommation en baisse dans les pays développés et à un retournement de tendance dans certains pays émergents, en particulier la Chine. Suite au ralentissement des exportations, l'AIE considère que la demande chinoise de pétrole pourrait fléchir de près de 1% en 2009, après une croissance de 4% en 2008. L'AIE évalue à plus de 26000 milliards de dollars les investissements à réaliser au cours des deux prochaines décennies pour maintenir l'offre. Or la volatilité importante du cours du pétrole empêche les compagnies d'avoir une visibilité suffisante pour investir. Selon ExxonMobil, une variation de 1 dollar du prix moyen du pétrole a un impact de 375 millions de dollars sur les résultats de son activité d'exploration-production.