Pôle emploi a publié vendredi la liste des 31 premiers prestataires privés retenus pour accompagner 320.000 chômeurs dans leur recherche d'emploi en deux ans, le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez défendant le principe d'"une saine émulation" avec le service public.
Pôle emploi va consacrer un budget de 425 millions d'euros sur les deux ans (jusqu'à juillet 2011) pour rémunérer ces structures, à qui sont confiées deux types de tâches différentes: le placement des publics éloignés de l'emploi et l'accompagnement des licenciés économiques, a précisé Pôle emploi à l'AFP.
Sodie, filiale du groupe alpha (reclassement et aide aux comités d'entreprise) apparaît comme l'opérateur le mieux doté, avec 12 lots emportés.
Son président Pierre Ferraci a piloté la préparation de la réforme de la formation professionnelle.
L'appel d'offres, lancé en mars, comptait 64 lots, dont 54 ont été attribués, et 281 candidats. La notification de 10 lots complémentaires "a été reportée de quelques semaines en raison de procédures de référé suspension devant le tribunal administratif de Paris", selon un communiqué.
APE (groupe Adecco, numéro un de l'intérim en France) a été choisi pour s'occuper des publics éloignés de l'emploi de Champagne-Ardenne et Auvergne.
Manpower couvrira les mêmes populations pour le Sud-Est francilien, la Picardie, la Haute-Normandie, la Bourgogne, la Franche-Comté, Poitou-Charente et l'Aquitaine.
VediorBis, cité dans la presse, n'apparaît pas.
Parmi les candidats choisis, figurent des spécialistes du reclassement comme BPI ou Altedia (ex-propriété du conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie) retenu pour un lot.
L'Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) a obtenu quatre lots.
Le recours au privé n'est pas nouveau (l'ANPE a perdu son monopole en 2005) mais massif. Il a été critiqué par certains syndicats et intervient sans preuve, à ce stade, de l'efficacité supérieure du privé sur le service public.
L'évaluation complète commandée à l'Ecole d'économie de Paris ne sera publiée qu'à la rentrée.
"Le recours à ces prestataires sera rigoureusement évalué tout au long du marché et leur rémunération liée aux résultats obtenus, il ne s'agit pas d'un chèque en blanc", a réagi M. Wauquiez, dans un communiqué.
"Sur ce sujet et en l'état du marché de l'emploi, il n'y a pas de place pour l'idéologie: si un dispositif peut nous aider à mieux accompagner les demandeurs d'emploi, il faut y aller sans état d'âme", a-t-il dit.
"Ce marché, après les recrutements récents de près de 3.000 agents (1.840 nouveaux conseillers, 500 contrats aidés pour l'accueil du public et 500 opérateurs sur les plateformes téléphoniques) permettra (...) d'améliorer le service rendu par Pôle emploi par une saine émulation qui favorisera l'échange de bonnes pratiques", a-t-il ajouté.
Pour la CGT au contraire, cela "confirme la nocivité de la réforme" de Pôle emploi, Sud Emploi critiquant une "prévente par appartement du service public de l'emploi.
Dans un communiqué, Ingeus, filiale d'une entreprise australienne, a dit sa "déception" d'avoir été écarté malgré une présence en France depuis 2005 pour le compte de l'Unedic, de l'ANPE et du plan gouvernemental Espoir Banlieues.
L'Australie a privatisé à partir de 1998 l'accompagnement des chômeurs.