EDF souhaite une hausse de 20% des tarifs d'électricité sur trois ans ou "un peu plus" pour que le groupe cesse de s'endetter, a dit son PDG Pierre Gadonneix, dans un entretien publié mercredi sur le site internet de l'hebdomadaire Paris Match.
"Pour cesser de nous endetter, il faudrait une hausse de 20% des tarifs. Mais elle peut s'étaler sur trois ans, par exemple, ou même un peu plus", déclare M. Gadonneix.
"Si NOS tarifs n'augmentent pas, l'an prochain EDF réduit ses investissements", ajoute-t-il.
Le patron d'EDF explique qu'en France, le groupe est "contraint" de s'endetter, car "(ses) tarifs ne suivent pas l'inflation".
"Si, depuis vingt-cinq ans le prix de l'électricité avait suivi cette dernière, il serait 40% plus cher", affirme M. Gadonneix.
A l'été 2008, les tarifs de l'électricité avaient été augmentés de 3% en moyenne, avec des hausses différentes selon les types de consommateurs. Pour les particuliers, l'augmentation avait été limitée à 2%.
Contactée par l'AFP, une porte-parole d'EDF a précisé que "le PDG de l'entreprise a exprimé les besoins de l'entreprise dans la durée".
"La décision et le calendrier de mise en oeuvre appartiennent évidemment aux pouvoirs publics", a-t-elle ajouté, précisant que la question des tarifs était "régulièrement" abordée avec le gouvernement.
La revalorisation des tarifs réglementés d'électricité est décidée chaque année par le gouvernement, qui reçoit une demande non contraignante d'EDF et un avis consultatif de la Commission de régulation de l'énergie (CRE).
Un porte-parole du ministère de l'Economie a indiqué à l'AFP qu'à l'heure actuelle "EDF n'a fait aucune demande d'évolution tarifaire".
Mi-juin, Pierre Gadonneix avait à l'inverse assuré sur RMC qu'il allait demander au gouvernement une augmentation "modérée" des tarifs de l'électricité.
Cette demande d'une hausse de 20% "me paraît totalement disproportionnée", a réagi Thierry Saniez, délégué général de l'association de consommateurs CLCV, qui demande "beaucoup plus de transparence" sur la revalorisation des tarifs.
"Il ne faudrait pas que les consommateurs financent des investissements hasardeux en France, comme à l'étranger", a-t-il ajouté, réclamant par ailleurs que les tarifs réglementés et leur réversibilité soient pérennisés.
De son côté, Alain Bazot, président de l'UFC Que Choisir, s'est dit "un peu perplexe" devant les propos "flous" du PDG d'EDF, lui faisant penser à "une provocation".
"Nous sommes d'accord sur le fait que le tarif régulé doit être réaliste, couvrir les coûts et les capacités d'investissement, mais de là à accepter une augmentation aussi importante sans justification, il y a un pas!", a ajouté M. Bazot.
Pour financer ses investissements et acquisitions, EDF a accru son endettement de 50% en 2008, à 24,5 milliards d'euros.
Le groupe a récemment clos un emprunt obligataire auprès des particuliers qui lui a permis de collecter plus de 2,5 milliards d'euros, le chiffre définitif n'étant pas connu.
EDF, que Pierre Gadonneix présente comme "de loin le premier investisseur industriel du pays", prévoit d'investir en 2009 12 milliards d'euros, dont 7,5 en France.