En annonçant la remise en service de certains sites arrêtés en raison de la crise, ArcelorMittal redonne sans doute du baume au coeur des observateurs inquiets de voir les green shoots (lueur d'espoir) pâlir des deux côtés de l'Atlantique. Lors d'une conférence à New York, le P-DG Lakshmi Mittal a déclaré constater quelques "signes" du retour de la croissance dans le secteur sidérurgique sur les marchés émergents et même aux Etats-Unis. A Amsterdam, l'action (+3,55% à 23,16 euros) a pris la tête du CAC 40, soutenue par ailleurs par le rebond des matières premières.
"Sur les marchés émergents, la situation s'améliore dans des endroits comme le Brésil et la Chine. Nous voyons aussi un rebond de la demande aux Etats-Unis", a ainsi affirmé le dirigeant à l'American Metal Market selon l'agence Reuters.
Il a souligné que le déstockage intense constaté depuis la fin 2008 était la cause du rebond de la demande, a rapporté Reuters. "La période de déstockage a mis les stocks à des niveaux historiquement bas en Europe et aux Etats-Unis", a-t-il déclaré. "Les stocks sont à leur plus bas niveau depuis 1983." Il estime que les surcapacités continueront cette année, mais qu'une reprise progressive pourrait avoir lieu l'an prochain.
Pour s'assurer l'argent nécessaire afin de traverser la crise, ArcelorMittal dont les usines ne fonctionnent qu'à moitié de leurs capacités depuis des mois, s'est lancé depuis fin mars dans une course à la réduction et au refinancement de sa dette pour réduire son endettement de 10 milliards d'ici la fin 2009.
Le rebond de la demande devrait permettre au groupe de gérer plus facilement sa restructuration financière. Le titre, dévalorisé de 70% en 2008, a repris 36% depuis le 1er janvier.
A l'instar des groupes miniers -Eramet gagne 3,41% à 182,965 euros- ArcelorMittal bénéficie également de la hausse des matières premières. Le cuivre a progressé pour la deuxième séance consécutive en Asie après la chute du prix de ce métal au plus bas depuis trois semaines. Sur le London Metal Exchange, l'aluminium grimpe de 0,5% et le zinc 1,4%.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
ArcelorMittal, issu de la fusion en juillet 2006 d'Arcelor et de Mittal Steel, est le numéro un mondial de l'acier avec une capacité de production annuelle d'environ 130 millions de tonnes par an, soit environ 10% de la production mondiale d'acier. Le groupe est présent dans quatre domaines d'activités : il est le premier producteur mondial dans les Aciers Plats Carbone, activité principale du groupe avec plus de la moitié du chiffre d'affaires, et les Aciers Longs Carbone, l'un des leaders mondiaux pour la production d'Aciers Inoxydables, et parmi les premiers en Europe pour le secteur Distribution-Transformation-Trading. L'entreprise s'est fixé pour objectif de développer ses positions en Chine et en Inde, deux pays dont les marchés sont en plein essor.
Les points forts de la valeur
- ArcelorMittal bénéficie des synergies dégagées par la fusion signée fin juin 2006.
- Le groupe investit en Inde et en Amérique Latine pour capter la croissance des pays émergents et accroître ses capacités.
- Le titre demeure la valeur préférée de nombreux analystes au sein du secteur en raison de sa rentabilité et sa capacité à relever ses prix.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe demeure encore relativement peu présent aux Etats-Unis.
- Comme les autres grands groupes sidérurgistes, ArcelorMittal affronte la concurrence des pays émergents qui tirent les prix de l'acier vers le bas.
- Comme ses concurrents, le groupe doit accepter les hausses des prix de ses fournisseurs, en particulier dans le minerai de fer.
Comment suivre la valeur
ArcelorMittal est une valeur cyclique, qui est très liée à la conjoncture économique. A ce titre, l'évolution de ses prix et débouchés est à surveiller.
-A suivre également, l'évolution du prix des matières premières entrant dans la fabrication de l'acier. C'est particulièrement le cas du minerai de fer, qui représente environ 30 % du coût des achats des producteurs d'acier.
- La concentration dans le secteur de la sidérurgie reste à l'ordre du jour dans la mesure où les dix premiers sidérurgistes ne contrôlent que le quart du marché de l'acier alors que leurs fournisseurs de minerai de fer sont concentrés à l'extrême. Deux compagnies assurent la majorité de l'extraction mondiale.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
Certains analystes estiment que le cumul des dettes nettes des cinq principales entreprises minières cotées à Londres - Rio Tinto, BHP Billiton, Xstrata, Anglo American et Kazakhmys - devrait s'élever environ à 70 milliards de dollars en 2009. Le ratio moyen dette nette sur capitaux propres s'établirait à 46% cette année. Les entreprises prennent diverses mesures pour réduire leurs dettes. Alcoa, qui prévoit de faire appel au marché, a décidé de baisser de 82% son dividende pour économiser 400 millions de dollars. Ses investissements annuels vont également être diminués de moitié à 850 millions de dollars. Xstrata a, lui aussi, choisi d'accroître son capital pour rembourser une partie de sa dette. Rio Tinto a opté pour un partenariat avec Chinalco, à travers des participations dans des coentreprises et la souscription d'obligations convertibles, et aussi pour des cessions. Si le géant BHP Billiton est mieux loti, avec un endettement à peine supérieur à 4 milliards de dollars, c'est grâce à l'échec de sa tentative d'OPA sur Rio Tinto.