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Jean Gadrey : "tout convertir en monnaie est un rêve d'économiste"

Lundi 15 Jun 2009 à 09:52

Terra eco : L’un des gros chantiers de la commission est de s’attaquer à la mesure du produit intérieur brut...

Jean Gadrey : "L’objectif est de rectifier, de toiletter le PIB, mais ce qui est proposé n’est pas très radical. L’une des recommandations intéressantes est de mettre en avant le revenu disponible. C’est assez technique mais si vous prenez un pays comme l’Irlande, qui a un très bon PIB par habitant, une bonne partie va aux multinationales. Le revenu disponible n’est alors que de 75% du PIB. Une autre recommandation est de prendre en compte à titre expérimental le travail bénévole et domestique. On peut l’estimer en temps, ce qui ne serait déjà pas mal, mais on peut aussi trouver des conventions pour lui donner une valeur monétaire. Intégré au PIB, cela réduirait l’écart entre les États-Unis et la France par exemple."

Quelles sont les premières conclusions de la commission sur le volet du développement durable ?

"Il y a deux tendances qui ne s’accordent pas vraiment. La première souhaite prendre en compte trois formes de patrimoine : le capital économique, le capital humain, plus ou moins associé à l’éducation, et le capital naturel, qui regroupe des choses très diverses comme les ressources ou les dommages liées aux émissions de gaz à effet de serre. Cette idée, initiée par la Banque mondiale, est un peu un rêve d’économiste : celui de tout transformer en unité monétaire. Ce n’est déjà pas évident pour le capital humain, mais cela devient très acrobatique pour le capital naturel. Et la question sociale en est exclue. La seconde, que je défends au sein de la commission, propose de se baser sur des indicateurs physiques qui fonctionnent comme des signaux d’alertes."

N’est-il pas étonnant que la "qualité de vie" fasse l’objet d’un groupe de travail séparé ?

"C’est un vrai problème d’avoir introduit dès le départ cette division, c’est peut-être l’un des plus gros reproches que je peux faire à la commission. Ce troisième volet s’intéresse à des "indicateurs de qualité de vie", un terme qui désigne en fait essentiellement des questions sociales. Mais les inégalités sociales font aussi partie du développement durable, en particulier la pauvreté. Les problèmes sont liés : ce sont les pauvres qui font les frais de la crise économique et on sait déjà que le réchauffement climatique renforcera les inégalités sociales."

En résumé, vous êtes beaucoup plus proche du rapport du conseil économique, social et environnemental (CESE). Notamment sur la question de la prise en compte de la société civile ?

"En matière de développement durable, ce rapport me semble en effet bien plus intéressant. Mais les recommandations de la commission peuvent encore évoluer. Sur le processus démocratique, on verra si la mini-consultation qui a été ouverte début juin servira à quelque chose et sera utilisée par la commission..."

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