Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et l'Inde, ont appelé mardi à une reprise "dès que possible" des négociations sur la libéralisation du commerce afin de conclure si possible en 2010 le cycle de Doha, actuellement dans l'impasse.
Cet appel à relancer le complexe processus a été applaudi par Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), en charge des négociations.
"Nous n'avions pas reçu jusqu'à présent un tel signal de +reset+ (+remise à zéro+)" des négociations, a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion du Groupe de Cairns, qui rassemble 19 pays exportateurs agricoles, à Nusa Dua, une station balnéaire de Bali.
"Ce que j'ai obtenu ici, c'est: +oui, nous devrions les conclure en 2010+", a ajouté le patron de l'OMC.
Entamées en 2001 dans la capitale du Qatar, les négociations de Doha ont pour objectifs de supprimer des milliers de droits de douanes et de réduire les subventions à l'agriculture dans les pays riches. Mais elles piétinent depuis des années en raison du refus de certains pays de réduire notablement les droits de douane sur des produits jugés stratégiques pour leurs producteurs locaux.
Deux des principaux acteurs de ces divergences, les Etats-Unis et l'Inde, ont annoncé leur volonté d'aller de l'avant car "un échec du cycle de Doha n'est pas une conclusion acceptable", a déclaré le nouveau représentant américain au Commerce, Ron Kirk, présent en Indonésie.
"Il n'y a pas d'obstacles qui soient insurmontables", a ajouté son nouvel homologue indien, Anand Sharma, après s'être entretenu pour la première fois avec M. Kirk lundi.
La dernière réunion ministérielle pour tenter de trouver une issue au cycle avait échoué en juillet 2008 sur une opposition entre les deux pays.
"Ron Kirk et Anand Sharma ont donné des signaux clairs qu'ils veulent que les choses aillent à leur terme, ce que nous n'avions pas jusqu'à présent", s'est félicité M. Lamy.
Selon lui, 80% du travail a été fait, mais des obstacles importants restent à franchir, concernant essentiellement les droits de douane et l'accès aux marchés.
M. Kirk, un ancien maire républicain de Dallas choisi en mars par Barack Obama, a indiqué que les nouvelles bases de négociations devraient être fixées d'ici août. Une "nouvelle approche" est nécessaire pour régler les points de divergence et prendre en compte la crise économique, a-t-il ajouté, sans rentrer dans les détails.
Pour les ministres des pays du Groupe de Cairns, il est nécessaire qu'une réunion soit organisée à Genève, où siège l'OMC, "le plus tôt possible" afin de fixer les conditions de relance des négociations "avant les congés d'été en Europe".
Le Groupe de Cairns, qui comprend des pays comme le Brésil, l'Australie ou l'Indonésie représentant 25% du commerce agricole mondial, a indiqué préparer des initiatives en ce sens.
Dans le même temps, ces pays se sont déclarés "profondément déçus" par l'annonce par Washington de nouvelles aides au secteur laitier à la suite d'une décision similaire de l'Union européenne.
"L'UE et les Etats-Unis doivent démontrer leur leadership en annulant ces subventions à l'exportation aussi rapidement que possible", a indiqué leur communiqué final. "Tous les membres de l'OMC doivent résister à la tentation de prendre des mesures protectionnistes dans l'environnement difficile" créé par la crise, a-t-il ajouté.