La crise nécessite "un nouveau deal social dans l'Union européenne" avec notamment "une approche convaincante face au chômage" de masse, réclame la Confédération européenne des syndicats (CES) dans une déclaration présentée mercredi à Paris.
Souhaitant "combattre la crise et gagner demain", la CES réclame "un nouveau Deal social dans l'UE" avec "des emplois plus nombreux et de meilleure qualité" via un plan européen d'investissement totalisant 1% annuel du PIB, avec "des systèmes de protection sociale plus forts", "des droits plus forts pour les travailleurs" ou encore "des augmentations du salaire réel".
"L'Europe est confrontée au retour du chômage de masse. Le nombre d'emplois appelés à disparaître au cours de l'année est tel qu'il faut remonter aux années 1930 pour retrouver des chiffres comparable. Et pourtant, à ce jour, la réponse des autorités (tant européennes que nationales) est inadaptée à l'ampleur du problème", selon la déclaration.
Pour la CES, "l'Europe a un rôle important et spécifique à jouer", elle doit "ouvrir la voie" et "éviter de dépendre du FMI", en visant à "préserver la cohésion sociale, plutôt que de réduire les dépenses publiques et les services publics".
Les dirigeants des 82 organisations syndicales affiliées à la CES sont réunis mercredi et jeudi à Paris pour une conférence sur la crise économique et sociale, à l'approche des élections européennes du 7 juin et après les mobilisations du 1er mai ainsi que les quatre euro-manifestations (à Madrid, Bruxelles, Berlin et Prague) de la mi-mai.
"Nous devons être prêts à la bataille pour que l'Europe joue un rôle plus actif et ne répète pas les erreurs des 30 dernières années", a déclaré mercredi en ouverture le secrétaire général de la CES John Monks.
L'ex-président de la Commission européenne Jacques Delors a estimé qu'"une réforme d'ensemble s'impose", déplorant "le défaut de coopération entre pays", un "dialogue social pas assez solide ni consensuel", le manque d'harmonisation fiscale ou encore un budget "dérisoire".
"La crise n'est pas la grippe mexicaine de l'économie, ce n'est pas une fatalité", a lancé le syndicaliste français Jean-Christophe Le Duigou (CGT), se disant "optimiste" notamment car "elle repose la question des choix collectifs".
A l'inverse, la Néerlandaise Agnes Jongerius (FNV) a craint que "la fenêtre d'action ne soit en train de se fermer".
L'Allemand Michael Sommer (DGB) a aussi redouté que "si nous ne réussissons pas à nous imposer les conséquences de la crise nous accompagnent longtemps", "que les banques commencent à aspirer le contenu de nos économies et que les gouvernements n'aient plus de marge de manoeuvre".
Pour le Roumain Bogdan Iuliu Hossu (cartel Alfa), "la crise peut entraîner un chantage pour réduire les salaires et la place du travail" et "si un pays de l'Est perd la bataille face à la déréglementation (...) le reste de l'UE essaiera de s'aligner sur lui".