Le groupe américain d'assurances AIG a annoncé jeudi que son PDG Edward Liddy, arrivé à la tête de la société au moment de sa nationalisation, avait l'intention de démissionner et que sa décision serait effective dès la désignation d'un successeur.
M. Liddy, 63 ans, ancien patron d'Allstate, un concurrent d'AIG, ne dirigeait le groupe que depuis septembre, un rôle bénévole qu'il a accepté pour restructurer une société réalisant des pertes colossales.
Bien qu'il n'ait été pour rien dans la débâcle d'AIG, son poste lui a valu des critiques très acerbes de la part de la classe politique, entre autres lors d'auditions au Congrès où il personnifiait la débauche d'argent public (plus de 170 milliards de dollars) dépensée pour sauver le groupe.
Il avait notamment été en première ligne au moment, en mars, du scandale des 165 millions de dollars de primes versées aux salariés les plus haut placés d'AIG, malgré des performances exécrables, et avait dû plaider que le groupe n'avait pas eu légalement d'autre choix.
Il avait fini par passer à la contre-attaque en demandant au Congrès à la mi-mai de cesser de dénigrer le groupe, pour ne pas nuire à la valeur des actifs que le groupe entend céder, dans l'intérêt des contribuables.
Après les plus de trente ans de règne de Hank Greenberg, jusqu'en 2005, la direction de l'ancien numéro un mondial est devenue instable. Son successeur Martin Sullivan n'avait duré que trois an et le prédécesseur de M. Liddy, Bob Willumstad, trois mois seulement, évincé au moment où AIG avait dû être sauvé de la faillite en urgence par les pouvoirs publics.
M. Liddy s'est dit dans le communiqué "fier" qu'AIG ait commencé à redresser ses finances depuis huit mois.
"Beaucoup de travail reste à fait chez AIG, mais beaucoup a déjà été accompli. (...) Nous avons fait des progrès considérables pour stabiliser AIG, réduire le risque systémique qui a amené le gouvernement à sauver le groupe, protéger nos clients et nos activités, et développer un plan pour rembourser l'Etat", a-t-il estimé.
Le groupe, qui cède peu à peu ses activités rentables et se défait de ses positions dans les investissements à risque qui ont provoqué sa chute, a réduit sa perte nette à 4,35 milliards de dollars au premier trimestre. En 2008, le groupe avait enregistré la perte la plus massive jamais annoncée par un groupe américain (99,3 milliards de dollars).
"M. Liddy a recommandé au conseil d'administration que les rôles de président et de directeur général soient séparés", a par ailleurs rapporté AIG dans un communiqué.
AIG doit renouveler son conseil d'administration le 30 juin, et sa direction a proposé aux actionnaires de nouveaux candidats indépendants du groupe.
"En collaboration avec le conseil d'administration, M. Liddy a déterminé que, parallèlement à la reconfiguration du conseil, la société devrait également lancer les mesures nécessaires pour mettre en place une structure et une équipe de direction plus durables", a indiqué AIG.
Une demi-heure après la clôture de Wall Street, l'action AIG gagnait 1,57%, à 1,83 dollar, dans les échanges électroniques suivant la séance.