Des salariés en colère du géant mondial de l'acier ArcelorMittal, protestant contre la fermeture temporaire de nombreuses usines du groupe à cause de la crise, ont tenté de pénétrer mardi dans le siège du groupe, qui tenait son assemblée générale à Luxembourg.
Environ 1.500 manifestants se sont rassemblés devant le siège du sidérurgiste au centre de la ville de Luxembourg, lorsqu'au moment où l'assemblée des actionnaires touchait à sa fin, un petit groupe a essayé de forcer la porte d'entrée du bâtiment, selon une journaliste de l'AFP sur place.
Un militant du syndicat belge CSC, ayant forcé les barricades pour tenter de pénétrer dans le bâtiment, a été aussitôt interpellé par la police. D'autres manifestants ont lancé des fumigènes et des boulons, cassant les vitres du rez-de-chaussée, alors que les forces de l'ordre, regroupées en nombre très important devant et à l'intérieur du bâtiment d'ArcelorMittal, intervenaient pour les repousser.
Les échauffourées ont duré plus d'un quart d'heure, mais l'assemblée générale a pu se dérouler au troisième étage du bâtiment sans être interrompue.
Les manifestants, qui n'ont pas été reçus par la direction comme ils le réclamaient, se sont dispersés en début d'après-midi.
Les salariés, principalement belges et français, protestaient contre l'arrêt d'usines et les mesures de chômage partiel décidés par ArcelorMittal, qui a réduit sa production à moitié de ses capacités depuis plusieurs mois pour faire face à la crise économique. Une grève frappait mardi l'ensemble des usines du bassin liégeois.
Le PDG, Lakshmi Mittal, a indiqué devant les actionnaires que, seuls, neuf des 25 hauts fourneaux du groupe en Europe fonctionnaient désormais, "parce qu'il n'y a pas de demande". Sans donner de calendrier, le numéro un mondial de la sidérurgie prévoit de maintenir cette réduction de la production tant que la demande en acier ne remonte pas.
"Pour l'avenir, il faudra réfléchir à la compétitivité des coûts avant de relancer ces installations une par une", a affirmé M. Mittal, assurant de nouveau que ces arrêts d'installations n'étaient que "temporaires".
"Les usines et les installations qui sont les moins rentables seront évidemment les dernières à redémarrer", a déclaré Lakshmi Mittal, interrogé par un actionnaire salarié sur l'avenir du site de Florange, en Lorraine.
"Nous allons recommencer à travailler avec les hauts fourneaux les plus rentables", a-t-il ajouté sans évoquer de sites en particulier.
Le patron du numéro un mondial table sur un recul de la demande mondiale d'acier de 15% à 20%, une prévision semblable à celle de la World Steel Association, qui envisage une chute de 14,9% à 1,019 milliard de tonnes.
Après un mauvais premier trimestre, qui s'est soldé par une perte trimestrielle de plus d'un milliard de dollars, ArcelorMittal table sur un rebond de l'activité aux deuxième et troisième trimestres.
Son PDG a précisé constater une reprise de la demande en Chine, tandis que le phénomène de déstockage est "presque terminé" aux Etats-Unis, même s'il se poursuit en Europe.
"Cela n'a aucun sens de fabriquer de l'acier que nous ne pouvons pas vendre", a dit à plusieurs reprises M. Mittal, prévenant qu'il réagirait à une reprise de la demande "de manière prudente".
Les actionnaires ont accepté la distribution d'un dividende réduit de moitié à 0,75 dollar, une décision jugée "normale" vu le contexte par un actionnaire individuel interrogé par l'AFP. Une seule résolution portant sur l'autorisation pour des augmentations de capital, n'a pu être votée faute de quorum.