Alcatel-Lucent (- 3,17% à 1,894 euros) affiche l'un des replis les plus importants du CAC 40 en raison d'une perte opérationnelle plus lourde qu'anticipé au premier trimestre. L'équipementier télécoms a mis en cause une composition des ventes défavorables tant au niveau des produits que des zones géographiques. Si le directeur général du groupe, Ben Verwaaayen s'est déclaré insatisfait de cette contre-performance, il a cependant maintenu l'objectif d'un résultat opérationnel ajusté à l'équilibre cette année. « 2009 sera une année de transition », a-t-il rappelé.
Sur les trois premiers mois de l'année, Alcatel-Lucent a essuyé une perte nette de 402 millions d'euros contre 181 millions d'euros, un an plus tôt. Le résultat d'exploitation ajusté, c'est-à-dire hors écarts d'acquisitions liés à sa fusion avec Lucent, s'est établi à 254 millions d'euros contre un bénéfice de 36 millions d'euros au premier trimestre 2008. Cette perte est le double de celle attendue par les analystes interrogés par Reuters qui visaient en moyenne 131 millions d'euros.
L'équipementier télécoms est confronté à un marché difficile, ce qui s'est traduit par un chiffre d'affaires de 3,598 milliards d'euros, en baisse de 6,9% (-11,2% à taux de change constant). Le repli de l'activité a particulièrement été prononcé aux Etats-Unis, -28% à taux de change constant, où le groupe réalise des marges élevées avec certains clients.
Ces mauvais chiffres n'ont pas empêché Alcatel-Lucent de maintenir sa prévision d'une baisse du marché global des équipements de télécommunications et des services associés de 8% à 12% en 2009, à taux de change constant.
Quant à la situation financière de l'entreprise, le directeur financier, Paul Tufano, a réaffirmé qu'une augmentation de capital n'était pas nécessaire. La dette nette du groupe a bien augmenté de 452 millions d'euros par rapport au trimestre précédent à -841 millions, mais la vente de sa participation dans Thalès est « imminente ». Le montant de cette transaction s'élève à près de 1,6 milliard d'euros.
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Alcatel-Lucent est devenu le leader mondial dans le secteur des équipements de réseaux d'opérateurs. Le groupe propose des solutions qui permettent aux fournisseurs de services, aux entreprises et aux administrations du monde entier de fournir aux utilisateurs finaux, des services de communications voix, données et vidéo. Plus de 70% du chiffre d'affaires provient des réseaux d'opérateurs, dont 47% dans les technologies d'accès mobile, 41% dans les réseaux fixes et 12% dans les solutions de convergence. Le groupe est présent de façon homogène en Europe (33%), en Amérique du Nord (32%) ainsi qu'en Asie (17%) et dans le reste du monde (18%).
En septembre 2008, Philippe Camus a été nommé au poste de président non exécutif et Ben Verwaayen à celui de directeur général. Ils remplacent respectivement Serge Tchuruk et Patricia Russo.
Les points forts de la valeur
- Dans une industrie très concurrentielle, Alcatel Lucent apparaît comme un acteur global disposant d'un portefeuille complet de produits et de services destinés aux opérateurs mais aussi aux autres types d'entreprises. La force du groupe est de détenir un portefeuille de technologies et de services permettant de proposer aux opérateurs des solutions de bout en bout.
- La diversité des activités permet une meilleure répartition des risques.
- Sur le "triple play" (voix, données et TV), à fort potentiel de croissance, l'offre d'Alcatel apparaît comme l'une des meilleures du marché.
- L'équipementier de télécoms cherche toujours à réduire ses dépenses, en recourant de plus en plus aux marchés émergents dans les domaines de la production, la R&D, les fournisseurs et les sous-traitants.
Les points faibles de la valeur
- La visibilité sur l'activité d'Alcatel est faible, le groupe a déçu les investisseurs à répétition.
- Alcatel souffre de son exposition à la technologie de téléphonie mobile CDMA, équivalent américain du GSM, en perte de vitesse.
- La baisse du dollar pénalise le chiffre d'affaires du groupe.
Comment suivre la valeur
- Il est indispensable de surveiller attentivement l'évolution du marché des télécommunications, en particulier la santé des opérateurs, pour apprécier l'évolution de la demande en équipements.
- Confrontés à la concurrence des opérateurs alternatifs, des fournisseurs d'accès à Internet ou des câblo-opérateurs, les opérateurs perdent des abonnés, tandis que les revenus issus de la voix sont inexorablement amenés à s'effriter. Pour remédier à cela, les opérateurs n'ont d'autre choix que de se lancer dans le "triple play", c'est-à-dire de proposer des offres couplées d'accès au téléphone, à l'Internet haut débit et à la télévision.
- Les pays émergents représentent 45% du chiffre d'affaires d'Alcatel, et même 75% de ses revenus dans les réseaux mobiles. Ils pèsent déjà 45% des investissements des opérateurs dans le monde, part qui passera à 55% en 2008.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Equipementiers télécoms
Selon l'institut Gartner, la chute des ventes mondiales de téléphones mobiles (-4,6% au quatrième trimestre 2008) devrait se poursuivre en 2009, avec un recul de 4%. La demande ne devrait se stabiliser qu'en 2010. Certains sont encore plus pessimistes. Ainsi Nokia anticipe un recul de 10% cette année. Il a été rejoint par Sony Ericsson qui, confronté à un recul de son activité sur le début de l'année, a revu ses prévisions à la baisse. Certains analystes considèrent même que la contraction du marché pourrait atteindre 13%. Du côté des réseaux, la situation n'est pas plus réjouissante. Pour préserver leur rentabilité, les opérateurs réduisent leurs investissements dans les infrastructures. Ces décisions vont peser sur les performances d'acteurs comme Alcatel-Lucent. Le canadien Nortel vient, lui, de se déclarer en faillite. Quant au leader mondial des infrastructures mobiles, Ericsson, il va supprimer 5000 emplois pour faire face à une année très difficile.