Le projet de reprise du constructeur automobile allemand Opel par l'italien Fiat suscitait le scepticisme mardi en Allemagne, où syndicats et certains responsables politiques lui préfèrent l'équipementier canadien Magna.
Les propos du patron de Fiat Sergio Marchionne sur une éventuelle fermeture d'usine, rapportés lundi par le ministre de l'Economie allemand Karl-Theodor zu Guttenberg à l'issue d'une entrevue entre les deux hommes, ont provoqué une volée de bois vert du puissant syndicat de la métallurgie IG Metall.
Mardi, le dirigeant italien a tenté de rassurer sur son plan de reprise d'Opel, filiale allemande de l'américain General Motors.
Il a affirmé au quotidien Bild pouvoir conserver les quatre sites de Rüsselsheim, Bochum, Eisenach et Kaiserlautern. "Nous ne voulons fermer aucune des quatre usines Opel en Allemagne", a-t-il dit, tout en ajoutant: "mais évidemment, il faudra que les effectifs soient réduits. Personne ne peut l'éviter. Les usines doivent devenir plus productives".
Près de 26.000 salariés travaillent en Allemagne pour Opel.
Selon le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) de mercredi, qui cite un document confidentiel de Fiat daté du 3 avril, le groupe italien prévoit la suppression de 18.000 emplois chez Fiat/GME/Opel s'il reprend Opel et les activités de GME. Les usines britanniques Vauxhall à Luton et Ellesmere Port, celle d'Opel à Anvers (Belgique) et des usines Fiat en Italie seraient fermées, et certaines activités supprimées dans trois usines allemandes d'Opel, selon le FAZ.
Avant cette information de presse, le puissant syndicat allemand de la métallurgie IG Metall et les Comités d'entreprise d'Opel avaient vertement critiqué Fiat et demandé à être davantage associés aux discussions, réclamant "des investisseurs qui suscitent la confiance et pas de promesses creuses".
IG Metall est furieux que Fiat ait seulement discuté avec M. zu Guttenberg, selon une porte-parole interrogée par l'AFP: "Fiat n'a toujours pas soumis son offre à la direction d'Opel et de General Motors Europe".
A l'inverse, des syndicalistes se sont plusieurs fois prononcés en faveur du projet de Magna, qui semble avoir aussi les faveurs de M. Steinmeier, candidat à la chancellerie en septembre. M. Steinmeier a néanmoins réaffirmé lundi qu'aucun repreneur n'avait encore la priorité.
L'idée de Fiat est de créer une société qui regrouperait sa branche automobile (marques Fiat, Lancia et Alfa Romeo), une part de Chrysler et toutes les activités européennes de GM, soit Opel, le suédois Saab, et le britannique Vauxhall. Fiat est aussi intéressé par les activités de GM en Amérique du sud, selon une source industrielle italienne interrogée par l'AFP.
Mais "être simplement grand n'est pas un critère de valeur", a renchéri le chef du gouvernement de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Jürgen Rüttgers.
Selon M. zu Guttenberg, Fiat souhaite 5 à 7 milliards d'euros de garanties publiques. Le ministre a qualifié le projet italien d'"intéressant", tout en rappelant que Magna avait aussi manifesté son intérêt pour Opel.
Magna a confirmé lundi mener avec GM et les autorités allemandes des discussions pour prendre une participation minoritaire dans Opel. Il est associé à la banque semi-publique russe Sberbank et au constructeur automobile GAZ, détenu par l'oligarque russe Oleg Deripaska.
Selon la presse, l'oligarque soutenu par des banques russes prendrait 30% dans Opel, et Magna 20%.
Selon le quotidien Financial Times, plusieurs autres prétendants à la reprise d'Opel seraient également en lice, dont un fonds d'Abou Dhabi, le fonds souverain de Singapour et trois autres fonds d'investissement non identifiés.