Remontée en flèche des saisies, baisse marquée des permis de construire et des mises en chantiers en mars: la stabilisation du marché du logement américain qu'avaient laissé espérer les chiffres du mois précédent semble devoir attendre encore un peu.
Selon les chiffres publiés jeudi par le département du Commerce, le nombre de permis de construire délivrés aux Etats-Unis est tombé à 513.000 en rythme annuel, soit 9,0% de moins que le mois précédent (et près de moitié moins qu'un an plus tôt), touchant un nouveau plus bas depuis le début de la publication de cette statistique en 1960. Les analystes en prévoyaient 549.000.
Le nombre de mises en chantier a chuté encore plus fortement, de 10,8% par rapport à février (de 54,1% sur un an). Elles sont ainsi revenues à 510.000 en rythme annuel, contre 572.000 attendues par les analystes.
C'est le deuxième chiffre le plus faible jamais enregistré depuis le début de la publication de cette statistique en 1959, le plancher ayant été touché en janvier avec 488.000 départs de constructions.
Après le rebond inattendu du mois précédent ayant enrayé une baisse de sept mois consécutifs, ces chiffres viennent rappeler la gravité de la récession, alors que la reprise des marchés de l'immobilier et de la construction est considérée comme l'une des clefs de sortie de la crise.
Néanmoins, plusieurs analystes estiment qu'ils annoncent plus un report de la stabilisation du marché du logement que sa remise en cause. Et sans doute d'abord parce que l'activité ne peut guère tomber beaucoup plus bas.
Cela "n'infirme pas notre opinion selon laquelle nous sommes près de la stabilisation", note Sylvain Broyer, analyste de Natixis, qui table sur une moyenne annuelle de 500.000 mises en chantiers de logements cette année.
Pour l'économiste indépendant Joel Naroff, la nouvelle chute de mars est "déprimante", mais les chiffres de jeudi comportent aussi une lueur d'espoir dans le fait que "la construction de maisons individuelles a été totalement stable au cours des trois derniers mois".
Les mises en chantiers de maisons (qui représentent environ 70% de la construction de logements) se sont établies à 358.000 unités en rythme annuel en mars, soit autant qu'en février, et légèrement plus qu'en janvier (356.000).
Le chiffre clef du nombre de permis de construire de maisons individuelles (qui donne une idée de la tendance à venir) a chuté de 7,4% en mars, sans pour autant effacer sa hausse de 16,1% en février.
Notant la faiblesse des mises en chantier d'immeubles d'habitations (en baisse de 55,6% sur un an en mars) mais des signes de stabilisation pour les maisons individuelles, Patrick Newport, économiste de l'institut IHS Global Insight, prévient qu'il ne s'attend "pas à une amélioration de la construction de logements avant la seconde moitié de l'année."
Signe des difficultés des ménages, le nombre de procédures de saisie immobilière aux Etats-Unis a fortement accéléré en mars, augmentant de 17% par rapport au mois précédent, après une hausse de 6% en février, selon l'étude mensuelle du cabinet spécialisé RealtyTrac.
Néanmoins, la faiblesse des taux d'intérêts (le taux moyen d'un emprunt à taux fixe sur trente ans est inférieur à 5,0% depuis quatre semaine) entraîne une hausse de l'activité de refinancement et pourrait à terme relancer la demande de prêts.
Et les constructeurs de logements reprennent un peu espoir. Selon l'étude de mensuelle de l'Association des constructeurs de logements (NAHB) et de la banque Wells Fargo publiée mercredi, leur moral est remonté en avril comme jamais depuis cinq ans, pour retrouver son niveau d'octobre.
Selon la NAHB, c'est le signe que "le marché du logement touche le fond, ou presque".