
Le Luxembourg, la Suisse ou la Belgique ont mal réagi vendredi à leur inscription sur une liste de paradis fiscaux qui épargne les territoires chinois, et se retrouvent sous une pression accrue après l'annonce par le G20 de la fin de "l'ère du secret bancaire".
"Je trouve le traitement qui est réservé à certains Etats un peu incompréhensible", a déploré le Premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Juncker à Prague, en marge d'une réunion de ministres des Finances européens.
Il réagissait aux listes de paradis fiscaux publiées la veille par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans la foulée du sommet des dirigeants du G20.
L'OCDE a publié un liste "noire", sur laquelle figurent quatre pays - le Costa Rica, la Malaisie, les Philippines et l'Uruguay - ainsi qu'une liste "grise" de 38 pays ayant promis de s'amender mais n'ayant pas encore traduit dans les faits leurs intentions. Parmi eux, le Luxembourg, la Suisse, l'Autriche, la Belgique, le Liechtenstein, Monaco, Andorre et Saint-Marin en Europe.
La plupart de ces Etats, qui en Europe pratiquent encore le secret bancaire, ont fait des concessions juste avant le G20 en matière de transparence bancaire dans l'espoir d'éviter d'être mis au ban de la communauté internationale, mais sans renoncer totalement au secret bancaire, à part la Belgique.
L'Autriche, Andorre ou Saint-Marin ont tenté de faire contre mauvaise fortune bon coeur en se félicitant surtout de ne pas apparaître sur la liste "noire". Le Liechtenstein a dit espérer sortir bientôt de la liste grise.
Mais, comme le Luxembourg, la Suisse a "déploré" son inscription sur la liste de l'OCDE et "désapprouvé le procédé". Tout comme la Belgique.

"Ca fait un peu sourire, en Belgique, de voir que les Iles anglo-normandes sont considérées, comme les Iles Vierges américaines, comme n'ayant aucun problème", ou de voir que les territoires de Hong Kong et Macao ne sont pas concernés sous prétexte qu'ils font partie de la Chine", a estimé le ministre belge des Finances Didier Reynders.
Lors du sommet du G20 de Londres le président américain Barack Obama a dû s'employer à arracher un compromis entre la France et la Chine en vue de permettre un accord sur ces listes, exigées par Paris mais combattues par Pékin. La Chine redoutait que ne soient mentionnés Hong Kong et Macao et a manifestement obtenu gain de cause.
Ne figurent pas non plus sur la liste certains Etats américains comme le Delaware, le Wyoming et le Nevada, critiqués par M. Juncker parce qu'ils pratiquent des fiscalités très faibles.
"C'est sans doute dû à la précipitation", a ironisé le Premier ministre luxembourgeois.
Son pays et les autres désormais sous surveillance sont maintenant sous pression pour mettre en musique leurs promesses de respect des critères internationaux de transparence, s'ils veulent être totalement "blanchis" par l'OCDE.
Les pays du G20 se sont montrés déterminés sur ce point en prévenant que "l'ère du secret bancaire est terminée".
Maintenant, "il faut passer aux actes", a insisté vendredi le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini.
La ministre des Finances française Christine Lagarde a quant à elle indiqué que les pays du G20 allaient à présent "travailler" sur des sanctions "pour ceux des centres non coopératifs qui ne se mettent pas aux normes".
Ces sanctions pourraient aussi concerner "les établissements financiers qui poursuivraient leurs relations avec des centres non coopératifs", avec par exemple des pénalités financières sous la forme d'exigences accrues de fonds propres, a-t-elle ajouté.