Airbus Allemagne a annoncé mercredi soir avoir espionné ses salariés en comparant leurs numéros de comptes avec ceux des fournisseurs du groupe, comme l'a fait la compagnie des chemins de fer Deutsche Bahn, dans un souci de lutte anti-corruption.
"Nous avons lancé une enquête interne pour savoir s'il y avait eu un cas similaire" au scandale de la Deutsche Bahn, qui vient de se conclure par la démission du patron Hartmut Mehdorn, et "le résultat est oui", a déclaré à l'AFP Stefan Schaffrath, porte-parole d'Airbus.
Il confirmait ainsi une information du journal Hamburger Abendblatt à paraître jeudi, selon lequel les données bancaires de "tous les salariés" d'Airbus Allemagne, soit environ 20.000 personnes, ont été étudiées à la loupe en 2007 et comparées à celles des fournisseurs.
L'enquête a été diligentée par la nouvelle équipe dirigeante d'Airbus dans le souci "d'exclure" qu'un cas d'espionnage "similaire" à celui de la Deutsche Bahn ait pu avoir lieu chez Airbus, a ajouté M. Schaffrath.
La direction d'Airbus a changé en août 2007, avec l'arrivée de l'Allemand Thomas Enders à la tête du constructeur aéronautique européen.
Au vu des résultats de l'enquête, "nous avons immédiatement informé le comité d'entreprise et les salariés concernés, lors d'une réunion le 23 mars", a ajouté M. Schaffrath.
"Ce qui est important, c'est que les résultats de l'enquête ont révélé qu'il n'y a eu aucun lien entre les données bancaires des salariés d'Airbus et celles des fournisseurs" du groupe, a encore dit le porte-parole.
Il a confirmé à l'AFP les informations du journal de Hambourg selon lequel ces comparaisons de données bancaires des salariés et fournisseurs ont eu lieu en raison de certains "soupçons", mais ont cessé en 2007, en l'absence "d'éléments concrets" indiquant des cas de corruption.
Le chef du comité d'entreprise du site d'Airbus à Hambourg (nord de l'Allemagne), Horst Niehus, a déclaré au Hamburger Abendblatt que le comité d'entreprise allait "faire examiner le dossier au niveau juridique", en vue d'une éventuelle plainte.
De son côté, la Deutsche Bahn est soupçonnée d'avoir comparé les données de ses salariés et celles de ses fournisseurs dans le cadre de la lutte contre la corruption, mais également d'avoir passé en revue des courriers électroniques de nombreux salariés afin de savoir s'ils étaient en contact avec des journalistes ou des experts critiques de l'entreprise. Son patron Hartmut Mehdorn a démissionné lundi. Son remplaçant n'a pas encoré été nommé.