"L'explosion" des plans sociaux "n'a pas encore eu lieu", les entreprises les retardant "au maximum", a estimé jeudi Bertrand Martinot, délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle au ministère de l'Economie.
"Les chiffres tendent à prouver que l'explosion n'a pas encore eu lieu" et les entreprises "ont retardé au maximum les PSE" (plans de sauvegarde de l'emploi ou plan social), par "un recours massif aux RTT et au chômage partiel", a-t-il déclaré lors d'une conférence organisée par le groupe Liaisons Sociales et le cabinet de conseil alpha à Paris.
Le débat portait sur le thème "les entreprises profitent-elles de la crise pour réduire leurs effectifs?", ce à quoi M. Martinot a répondu que "les entreprises font tout pour éviter les PSE".
"Crise ou pas crise, c'est coûteux de faire un PSE" du fait des mesures d'accompagnement des salariés, a-t-il souligné. De plus, "c'est coûteux en terme d'image" et "il y a un risque juridique" s'il n'y a pas de véritable motivation économique, selon lui.
Si des entreprises "profitent" de la crise, "cela reste anecdotique", a affirmé le délégué général, appuyé par Benoît-Roger Vasselin (Medef), qui a reconnu qu'"il y a eu des comportements inadmissibles".
Michel Donnedu (CGT) a cité Total comme "archétype" de ces entreprises "sans scrupules".
Pour le délégué à l'emploi, "les entreprises ne sont pas altruistes" et ont "intérêt à repousser" les plans sociaux. Mais "il y a des limites au chômage partiel", a-t-il relevé, alors qu'une récente analyse du Centre d'études de l'emploi montre qu'il joue un rôle d'"amortisseur social" qui retarde les licenciements économiques.
Marcel Grignard (CFDT) a remarqué que la récente hausse du chômage n'était "pas corrélée à la hausse des plans sociaux" puisque l'augmentation des demandeurs d'emploi provient pour l'essentiel de la fin des CDD, de l'intérim et des petites entreprises qui licencient sans PSE.
Pierre Ferracci, président du groupe Alpha, a estimé également que les sociétés avaient "des comportements attentistes" alors que "personne ne voit le bout du tunnel" de la crise. "Je pense que le gros des restructurations va arriver" car "les dispositifs arrivent à leurs limites", a-t-il averti.