Le Trésor américain a annoncé jeudi un programme de soutien financier aux équipementiers des groupes automobiles, doté de 5 milliards de dollars, afin d'éviter des faillites qui pourraient porter un coup mortel aux trois grands constructeurs nationaux.
"Du fait de la crise du crédit et de la chute rapide des ventes d'automobiles, de nombreux fournisseurs de pièces détachés pour automobiles sont incapables d'accéder au crédit et font face à une incertitude croissante concernant" l'avenir, a relevé le Trésor dans un communiqué
"Ce programme les aidera à rompre ce cycle", a ajouté le ministère.
Le programme donne notamment aux fournisseurs l'assurance qu'ils seront payés pour leurs produits livrés aux constructeurs, même si ces derniers devaient faire faillite.
Le gouvernement a organisé en décembre un sauvetage temporaire de deux des trois grands constructeurs américains, General Motors et Chrysler, mais ceux-ci sont toujours menacés d'un dépôt de bilan.
Selon la presse spécialisée, l'aide annoncée jeudi par le Trésor aux fournisseurs couvre à peu près les sommes actuellement dues par les constructeurs à leurs fournisseurs.
Elle est cependant bien inférieure aux 25,5 milliards de dollars réclamés mi-février par deux associations professionnelles d'équipementiers automobiles.
La semaine dernière, un rapport du cabinet de conseil Grant Thornton avait estimé à 500 le nombre d'équipementiers exposés à un risque élevé de faillite, et jugé inévitable une forte consolidation du secteur.
Une analyste de ce cabinet, Laura Marceo, avait souligné qu'un scénario de faillites en chaîne incontrôlées ferait perdre au secteur automobile "des partenaires essentiels" à leur viabilité.
Le Trésor a reconnu que ses aides ne suffiraient pas à éviter toutes les faillites, qui sont "un partie naturelle, bien que douloureuse, du cycle économique". "Nous ne pouvons pas et ne devons pas empêcher l'importante restructuration et réduction de capacités qui doit intervenir dans le secteur des équipementiers automobiles", a souligné l'administration.
Elle a toutefois ajouté que cette aide était nécessaire pour remédier à un cercle vicieux qui menace encore plus les constructeurs, incertains de leur approvisionnement en composants essentiels.
Concrètement, les équipementiers qui doivent habituellement attendre 45 à 60 jours avant de se faire payer pourront désormais s'appuyer sur des garanties des pouvoirs publics pour obtenir des prêts durant ce délai - une possibilité qui leur est actuellement pratiquement interdite en raison du resserrement des conditions du crédit.
Le programme sera accessible aux équipementiers désignés par des constructeurs automobiles, en particulier le numéro un américain General Motors et Chrysler, déjà bénéficiaires à eux deux de quelque 17,4 milliards de dollars d'aide publique.
Il porte à près de 30 milliards de dollars au total les sommes consacrées au sauvetage d'un secteur automobile au sens large dont la disparition entraînerait la destruction de trois millions d'emplois, selon certains experts.
Cette nouvelle aide intervient alors que le secrétaire au Trésor Tim Geithner doit se prononcer "dans les jours qui viennent" sur la viabilité de GM et Chrysler, confrontés notamment à l'effondrement du marché.
Parallèlement à l'aide accordée directement aux constructeurs, le Trésor a également débloqué 6 milliards pour sauver la société de services financiers GMAC, détenue par GM et le fonds Cerberus (propriétaire de Chrysler), afin de relancer les achats de voiture à crédit.
L'action GM gagnait 9,09% à 2,88 dollars vers 16h20 GMT.