Le constructeur automobile américain General Motors a annoncé jeudi qu'il n'aurait pas besoin des deux milliards de dollars d'aide publique qu'il avait initialement demandés pour mars, grâce à une réduction de ses coûts plus rapide que prévu.
GM "a prévenu le groupe de travail présidentiel sur l'industrie automobile que les 2 milliards de dollars de financement précédemment demandés pour mars ne seraient pas nécessaires à ce stade", a indiqué le groupe dans un communiqué.
Le numéro un américain n'a pas précisé s'il voulait seulement repousser le versement de ces deux milliards de dollars, ou s'il entendait réviser d'autant sa demande pour 16,6 milliards d'aide supplémentaire, en sus de 13,4 milliards de dollars déjà perçus depuis décembre.
"Pour le moment nous sommes en bien meilleure position que nous l'espérions, parce que les réductions de coûts commencent à porter leurs fruits", a expliqué un porte-parole, Tom Wilkinson, interrogé par téléphone.
"De toute évidence", a-t-il toutefois ajouté, "les recettes ne se sont pas redressées et les ventes sont encore faibles dans tout le secteur".
GM a enregistré en février un effondrement de plus de moitié (52,9%) de ses ventes aux Etats-Unis, sur un marché en chute globale de 41%.
Le constructeur a indiqué que sa trésorerie bénéficiait également d'"un report de dépenses qui avaient été prévues pour janvier et février".
Cette annonce a fait progresser le cours de l'action GM de 17,20% en séance jeudi à la Bourse de New York, tout en la laissant au niveau très modeste de 2,18 dollars.
Elle intervient trois jours après la visite à Detroit, fief de l'automobile américaine, du groupe de travail présidentiel chargé de se prononcer dans les semaines qui viennent sur la viabilité de GM et Chrysler.
Il y une semaine, les auditeurs de GM avaient exprimé des "doutes substantiels" sur sa survie. Le groupe avait également admis de lui-même la possibilité d'une liquidation, et affirmé pouvoir "être contraint de demander la protection de la loi sur les faillites", dite chapitre 11, s'il n'obtenait pas l'aide supplémentaire réclamée.
M. Wilkinson a souligné que la restructuration en cours s'apparentait à ce qui pourrait intervenir sous le régime d'une procédure de restructuration judiciaire, mais sans le coût associé à une telle procédure.
GM estime en effet qu'un dépôt de bilan provoquerait un effondrement encore plus catastrophique de ses ventes, les consommateurs se détournant des marques menacées de disparition, avec à la clé une facture bien plus élevée pour le contribuable.
La restructuration de GM prévoit la suppression de 47.000 postes et la disparition ou la cession de plusieurs marques, ainsi que la restructuration de sa dette et des négociations avec son principal syndicat pour réduire les coûts du travail et de retraite.
Les autorités ont exigé que ces négociations soient bouclées d'ici au 31 mars, ce qui semble possible au vu de l'accord annoncé en début de semaine entre Ford et le syndicat UAW.
GM --tout comme Chrysler qui a déjà perçu quatre milliards de dollars d'aides publiques pour éviter le dépôt de bilan-- devra rembourser les sommes déjà perçues s'il n'apporte pas la preuve de ses chances de survie.
Bien que faisant face aussi à de grosses difficultés, le troisième grand constructeur de Detroit, Ford, n'a pas demandé l'aide du gouvernement.
Mais M. Wilkinson a souligné que "la crise immédiate maintenant, elle est dans le secteur des équipementiers, et là c'est dur de savoir ce qu'il faut faire, parce qu'ils sont tellement nombreux".
Un rapport du cabinet de conseil Grant Thornton publié jeudi estime à 500 le nombre d'équipementiers exposés à un risque élevé de faillite.