Le chômage en France, qui a brièvement atteint en 2008 son plus bas niveau depuis 25 ans, a terminé l'année sur une nette remontée, qui devrait s'amplifier en 2009 sur fond de récession et pourrait avoisiner 10% en 2010, voire avant.
Mettant brutalement fin au recul entamé début 2006, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail a bondi au 4e trimestre (+0,6 point comparé au 3e trimestre, +0,3 point sur un an), selon les données provisoires de l'Insee diffusées jeudi.
Après 7,2% au premier trimestre, 7,3% au deuxième, 7,2% au troisième, le quatrième trimestre (7,8% et 8,2% si l'on inclut les départements d'outre-mer) a marqué une vive accélération du chômage, plus forte que prévu par l'Insee en décembre et inédite depuis environ 25 ans.
Une "détérioration brutale" due à la crise internationale, a déclaré à l'AFP la ministre de l'Economie et de l'Emploi Christine Lagarde, soulignant que d'autres grands pays comme l'Allemagne ou les Etats-Unis subissaient aussi une augmentation accélérée du chômage malgré des taux inférieurs à la France.
Alors que le gouvernement anticipe désormais une récession plus forte en 2009 (-1,5% pour le PIB) qu'en 1993 et en 1975, l'année en cours sera "difficile", a-t-elle ajouté, rappelant la prévision de 350.000 destructions d'emplois dans le secteur marchand en 2009.
Le chômage va continuer à remonter fortement sous l'effet de disparitions d'emplois massives, pour atteindre 8% en moyenne au 2e trimestre 2009, avait estimé l'Insee en décembre.
Une prévision qui risque d'être dépassée, au vu du record d'inscriptions à Pôle emploi sur le seul mois de janvier (plus de 90.000 inscrits).
Si les plus précaires ont été les premiers frappés, en témoignent l'envolée des inscriptions au chômage d'ex-intérimaires ou CDD, les salariés en CDI vont être de plus en plus affectés, avec la montée des licenciements économiques et plans de "départs volontaires".
Et si les jeunes actifs sont touchés plus fortement par l'envolée du chômage, les Français âgés de 25 à 49 ans ont aussi subi une forte hausse entre le troisième et le quatrième trimestre, un phénomène beaucoup plus rare et "inquiétant", selon certains économistes.
Plusieurs institutions et économistes n'hésitent plus à évoquer un retour rapide à un taux égalant ou dépassant 10% de la population active française.
La Commission européenne, qui a prévu en janvier que la récession généralisée s'accompagne d'une hausse du taux de chômage de près de trois points dans la zone euro entre 2008 et 2010, a pronostiqué jusqu'à 10,6% de chômage en France dès 2010. L'assureur-crédit Euler Hermes SFAC a aussi prévu récemment un taux de 10% en 2010.
"Le gouvernement va continuer à utiliser toute la boîte à outils", a affirmé jeudi Mme Lagarde, évoquant l'extension du contrat de transition professionnelle, la hausse du nombre de contrats aidés, l'exonération de cotisations sociales patronales pour les embauches dans les très petites entreprises ou l'amélioration de l'indemnisation du chômage partiel.
Au-delà du seul taux de chômage, l'aggravation de la situation de l'emploi se traduit aussi par le "sous-emploi". Affectant des personnes en emploi disponibles pour travailler plus et voulant le faire, il a ainsi augmenté au 4e trimestre "principalement" à cause de la hausse du chômage partiel.
Et Pôle emploi, déjà aux prises avec son processus de fusion, se retrouve engorgé par l'afflux de chômeurs, poussant son personnel à réclamer des moyens supplémentaires.