Le géant bancaire mondial HSBC s'apprête à annoncer, peut-être dès lundi en même temps que ses résultats annuels, une augmentation de capital massive qui montrera les limites de sa résistance à la crise, selon des informations de presse.
Le groupe britannique, qui contrairement à nombre de ses concurrents n'a pas fait appel à des aides gouvernementales depuis le début de la crise financière mondiale, pourrait lever plus de 17 milliards de dollars (13,4 milliards d'euros) par une émission d'actions, selon le Financial Times (FT).
Cependant, selon les sources proches des discussions citées par le FT, le prix de l'offre n'a pas encore été fixé, ce qui pourrait provoquer un report de cette annonce.
Interrogé samedi sur cette information du quotidien britannique, un porte-parole de la banque s'est refusé à tout commentaire.
Le groupe va également réduire le montant du dividende versé à ses actionnaires, selon le FT. Le Daily Telegraph a indiqué dimanche que cette réduction serait d'au moins un tiers.
Le Sunday Times a évoqué une provision massive d'au moins 17 milliards de livres (19 milliards d'euros) pour créances douteuses, une annulation d'écarts d'acquisition (goodwill) à hauteur de 7 milliards de livres ainsi que la fermeture d'une filiale aux Etats-Unis.
HSBC a, selon les analystes, mieux résisté à la crise que les autres grandes banques britanniques en raison d'une plus grande réserve de capitaux, d'une plus grande prudence sur les prêts américains "subprime" et leurs dérivés et d'une meilleure implantation en Asie et au Moyen-Orient.
Mais comme la crise s'est largement répandue en Asie au cours du second semestre de 2008, le géant bancaire pourra plus difficilement compenser ses pertes occidentales, relèvent-ils.
"Les résultats de lundi nous donneront une très bonne indication de la performance des économies asiatiques", a indiqué à l'AFP Billy Mak, professeur de finance à la Hong Kong Baptist University.
Les analystes de Morgan Stanley prévoient une baisse de 15% du bénéfice annuel avant impôts par rapport à 2007, à plus de 20 milliards de dollars.
Malgré de tels résultats, qui seraient bien meilleurs que ceux d'autres géant bancaires, le cours de l'action pourrait néanmoins encore chuter, selon Rock Lam, analyste bancaire de Phillip Securities.
Les spéculations récentes sur sa levée de capitaux ont eu un effet dévastateur sur le prix de l'action, cotée à Londres et à Hong Kong.
A la Bourse de Hong Kong, le titre HSBC a touché son plus bas niveau le 24 février après avoir perdu 30% de sa valeur au cours des trois derniers mois, devenant ainsi une des actions les moins performantes de l'indice Hang Seng.
A celle de Londres, l'action HSBC a accusé une baisse de plus de 7% vendredi soir à 491,25 pence et a perdu 45% depuis début octobre.
Les résultats de HSBC donneront aussi un éclairage sur l'état du système financier britannique. "Comme il est un des très rares grands groupes bancaires au Royaume-Uni ayant réussi à survivre sans aide gouvernementale, ses résultats donneront aussi une idée de l'étendue des dégâts au sein du système financier britannique", a ajouté M. Mak.