A une semaine d'une présentation cruciale devant le Congrès, le constructeur automobile américain General Motors (GM) a annoncé un nouveau plan social, prévoyant la suppression de 10.000 employés administratifs dans le monde.
Le premier groupe automobile américain, à bout de souffle financièrement, va ramener ses effectifs de cols blancs à 63.000 cette année contre 73.000 fin 2008, soit une réduction d'un peu moins de 14%.
"Les chiffres détaillés par région et par pays seront fournis ultérieurement", a indiqué à l'AFP Tom Wilkinson, un porte-parole de GM.
Aux Etats-Unis, 3.400 postes de cadres, employés et ingénieurs seront supprimés.
GM, qui veut boucler l'essentiel de ce plan social d'ici le 1er mai, aura recours aux départs volontaires, un dispositif qu'il utilise régulièrement depuis fin 2005. A l'époque, le constructeur, déjà en sérieuse perte de vitesse sur son marché national, avait entamé une vaste restructuration, qu'il n'a cessé depuis de prolonger.
GM a également annoncé des baisses de salaires pour ses cols blancs, allant jusqu'à -10% pour les cadres.
"GM avait mis en exergue le besoin de réductions (de coûts) dans le plan de restructuration soumis au Congrès le 2 décembre", a expliqué le constructeur.
L'annonce de mardi "engage la mise en place de cet aspect du plan", a ajouté GM, sans préciser si d'autres suppressions sont envisagées, alors que le groupe doit convaincre Washington de sa viabilité à long terme.
Après un premier rendez-vous au Congrès en décembre, GM doit retourner à Washington mercredi pour dresser un rapport d'étape sur sa stratégie. Il doit présenter son plan définitif avant le 31 mars.
Fin 2008, GM avait imploré une aide fédérale d'urgence, laissant craindre une faillite aux conséquences sociales dévastatrices. Le groupe a reçu depuis 9,4 milliards de dollars et en espère 4 milliards supplémentaires.
S'il échoue à convaincre le Congrès, l'avenir de GM est plus que jamais compromis, car il sera tenu de rembourser les sommes avancées, alors que ces dernières ont permis de maintenir sa trésorerie aux niveaux minimum requis pour pouvoir opérer normalement.
Dans ce climat d'incertitudes, GM fait des annonces au cas par cas depuis le début de l'année, sans donner de vision d'ensemble sur sa stratégie de viabilité.
"GM fait tout ce qu'il peut pour réduire drastiquement ses coûts et réduire son périmètre avant son premier rendez-vous +post-sauvetage+, la semaine prochaine", estime Jon Ogg, analyste du site 247Wallstreet.
Pour M. Ogg, "certains de ses efforts avaient été anticipés (par le marché), d'autres sont plus importants que prévu".
Pour Chris Nichols, analyste du site The Street, l'annonce de mardi "ne sera sans doute pas la dernière". "Tailler dans les dépenses risque d'être requis" par le Congrès.
Depuis janvier, GM a annoncé supprimer 2.000 postes d'ouvriers et a laissé prévoir un recours accru à des mesures de chômage partiel d'ici l'été.
Le groupe envisagerait en outre de nouvelles fermetures d'usines, selon la presse, après en avoir fermé cinq l'an passé. Il a aussi supprimé des équipes sur plusieurs autres sites et taillé dans ses volumes de production: -21% au quatrième trimestre 2008, puis -53% pour le premier trimestre 2009.
Côté effectifs, GM a déjà ramené ceux des cols blancs de 36.000 en 2005 à 29.500 fin 2008, et ceux des ouvriers --les plus coûteux du fait de vieux acquis salariaux-- de 105.000 à 62.000.
GM, qui a perdu en 2008 son titre de premier constructeur automobile mondial au profit du japonais Toyota, a vu ses ventes aux Etats-Unis chuter de 23% l'an dernier, puis de 49% sur le seul mois de janvier 2009. Depuis 2005, il cumule 72 milliards de dollars de pertes nettes.