Thomson s'enfonce de 16,48% à 1,09 euro après avoir annoncé qu'une clause liée à certains contrats de financement ne serait vraisemblablement pas respectée. Le spécialiste des technologies de l'image est victime d'un dette nette qui a bondi de 800 millions d'euros au second semestre à 2,1 milliards. Comme l'explique le directeur général du groupe, Frédéric Rose, le renforcement du bilan constitue le préalable à la mise en oeuvre du recentrage du groupe sur les «services aux créateurs de contenu» qui vient également d'être annoncé. «La situation de Thomson est critique», résume Fortis Bank.
A la suite du fort gonflement de sa dette, Thomson a prévenu qu'il est « vraisemblable » que la clause associé à certains placements obligataires privés stipulant que son ratio dette nette sur capitaux incorporés ne doit pas dépasser un, ne soit pas respectée.
Thomson a donc décidé d'engager des discussions avec les obligataires concernés « afin d'éviter qu'ils ne décident de provoquer la déchéance du terme de ces emprunts, laquelle pourrait par ricochet entraîner la déchéance du terme de l'essentiel de la dette non subordonnée du groupe ».
L'autre annonce d'importance a trait au virage stratégique que souhaite prendre Frédéric Rose, directeur général du groupe depuis le 1er septembre. Thomson va se recentrer sur les « services aux créateurs de contenu », a-t-il annoncé.
Thomson souhaite accompagner « ses clients dans leur transition vers un monde numérique dématérialisé, à la fois pour la production, la post-production et la distribution physique ou dématérialisée du contenu ». C'est dans cette optique qu'il conservera ses activités de décodeurs et de gateways (C'est-à-dire les passerelles d'accès comme les modems).
En revanche, le groupe va céder environ un milliard d'actifs, dont Grass Valley, qui fabrique des équipements vidéo professionnels, et PRN, réseaux de télévision sur le lieu de vente. Lors d'une conférence téléphonique, le directeur financier, Stéphane Rougeot a déclaré avoir reçu « un certain nombre d'expressions d'intérêt » pour ces actifs, selon Reuters. Pour Fortis Bank, le groupe devrait éprouver des difficultés à mettre en oeuvre cette stratégie.
Dans ce contexte lourd de menaces, la publication du chiffre d'affaires du quatrième trimestre est passée inaperçue. Les ventes se sont élevées à 1,468 milliard d'euros, en recul de 8,4% à taux de change courants (-8,2% à taux de change constants).
(C.J)
EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
Dette subordonnée : C'est une dette dont le remboursement, en cas de liquidation, n'intervient qu'après celui des autres dettes dites privilégiées (voir dette senior). Les créanciers subordonnés supportent donc un risque plus important de non-remboursement que les autres créanciers, qui justifie un taux d'intérêt plus élevé que celui des dettes privilégiées.
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Thomson est leader dans les solutions pour la création, la gestion, la diffusion et l'accès de contenu vidéo à l'intention des groupes de télécoms et de médias. Ces solutions sont fondées sur un large portefeuille de propriété intellectuelle. Les activités de Thomson sont regroupées au sein de 3 divisions : Services (reproduction et distribution de DVD, services liés au cinéma...), Systèmes & Equipements (décodeurs, modems, matériels professionnels pour la production et la distribution vidéo...) et Technologie (brevets). Le chiffre d'affaires de Thomson, présent dans plus de 30 pays, se répartit entre les Amériques (47 %), l'Europe (46 %) et le reste du monde.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Thomson bénéficie d'un profil diversifié suite à son repositionnement sur l'ensemble de la chaîne de l'image, au travers notamment de services aux créateurs de contenu et diffuseurs (studios de cinéma, diffuseurs de chaînes de télévisions, opérateurs télécoms...).
- Le groupe s'enorgueillit d'un des premiers portefeuilles de brevets au monde et d'une expertise technologique reconnue dans son domaine.
- Thomson devrait bénéficier de la transition de l'ensemble de la chaîne audiovisuelle vers le numérique et la haute définition.
Les points faibles de la valeur
- A l'heure actuelle, il s'avère difficile d'anticiper le rythme de déploiement de la révolution numérique ainsi que le modèle gagnant sur lequel elle va déboucher, ce qui crée un manque de visibilité sur le dossier Thomson.
- Son activité de duplication de DVD, qui est fortement génératrice de trésorerie, devrait subir les effets négatifs de la substitution de la diffusion des contenus audiovisuels d'un mode physique à un mode dématérialisé.
- Les spécialistes s'interrogent sur la capacité de Thomson à renouveler son portefeuille de brevets et à développer ses propres innovations en dehors des opérations de croissance externe.
- Thomson réalise la moitié de son chiffre d'affaires outre-Atlantique, ce qui le rend très sensible à la conjoncture économique américaine. De par son exposition sur cette zone, il est également sensible au dollar.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le titre est considéré comme une valeur dollar, du fait de sa forte exposition à l'Amérique du Nord.
- La taille du flottant de Thomson (90,3 % du capital) confère un aspect spéculatif au dossier. La capacité du groupe à générer des liquidités en fait de plus un candidat crédible à un LBO.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Electronique
D'après l'institut d'études GFK, les ventes en valeur du marché français de l'électronique grand public ont reculé de 1% au premier semestre. Ce chiffre représente une rupture par rapport aux taux de croissance élevés des années précédentes : 6% en 2005, 18% en 2006 (grâce au boom des écrans plats) et 8% en 2007. La mauvaise performance du début d'année est liée à la baisse des prix de vente mais aussi à une conjoncture économique difficile. Tous les produits ne sont pas logés à la même enseigne : les ventes de lecteurs de DVD sont les plus touchées avec une chute de 20% tant en volume qu'en valeur. Même si les GPS bénéficient d'une croissance en volume de 20%, ils pâtissent d'une chute des prix et affichent un retrait de 8,7% de leurs ventes. Quant aux baladeurs MP3, ils souffrent de la concurrence des téléphones mobiles, qui remplissent de plus en plus souvent la fonction de lecteur de musique portable. Par contre, les fabricants de téléviseurs s'en sortent très bien et enregistrent une croissance de 7% des ventes en valeur sur le semestre. Le téléviseur LCD a représenté 90% des ventes d'écrans et plus de la moitié du marché total en valeur, contre 40% en 2007. Les ventes de modèles plasma ne représentent plus que 8% du marché, contre 11% l'an dernier.