Le Premier ministre islandais Geir Haarde a annoncé lundi la démission immédiate de son gouvernement, conséquence de la crise économique qui secoue le pays depuis quatre mois et sous la pression de la population qui exhortait au départ ces dernières semaines.
"Je suis ici pour annoncer que moi-même et la dirigeante du parti social-démocrate (Ingibjorg Solrun Gisladottir, également ministre des Affaires étrangères sortante, ndlr), avons décidé de ne pas poursuivre la coalition", a déclaré M. Haarde lors d'une conférence de presse.
Le parti de l'Indépendance, formation de centre-droit du Premier ministre, partageait le pouvoir avec le parti social-démocrate depuis mai 2007 pour un mandat de quatre ans.
"J'ai accepté la démission du Premier ministre et de son cabinet", a déclaré le président Olafur Ragnar Grimsson. "J'ai aussi demandé à tous les ministres y compris le ministre du Commerce (qui a démissionné dimanche) de poursuivre leur travail jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit formé", a-t-il ajouté.
M. Haarde a expliqué qu'il ne pouvait pas accepter la demande du parti social-démocrate de prendre la tête du gouvernement, contraire à l'accord passé à l'issue des dernières législatives où le parti de l'Indépendance avait remporté 36,6% des suffrages et le parti social-démocrate 26,8%.
Il a ajouté qu'il souhaitait une nouvelle coalition avec tous les partis et être reconduit comme chef du gouvernement.
"Je resterai en retrait le mois à venir et je suggère à M. Haarde d'en faire de même", a commenté de son côté Mme Gisladottir.
Cette dernière, en faveur d'une coalition avec le parti Gauche-Verts, a avancé le nom de Johanna Sigurdardottir, ministre sociale-démocrate des Affaires sociales pour remplacer M. Haarde.
Le président a pour sa part convié les dirigeants des différents partis à examiner dès lundi soir la possibilité d'une coalition avec une majorité au Parlement.
Mais l'incertitude régnait sur la date de la formation d'un nouveau gouvernement.
L'annonce de cette démission intervient quelques jours après la décision d'organiser des élections anticipées le 9 mai au lieu de 2011, sous la pression de la population.
M. Haarde avait en outre annoncé vendredi qu'il ne se représenterait pas pour des raisons de santé.
Mais cela n'a pas suffi à calmer les Islandais habituellement consensuels: 5.000 personnes étaient encore dans la rue samedi.
Le même jour, un sondage montrait que la cote de popularité de la coalition était au plus bas (20,3% contre 31,6% en novembre et 71,9% en février 2008) au profit du parti Gauche-Verts (32,6%).
Le chef du gouvernement s'était entretenu tout le week-end avec Ingibjorg Solrun Gisladottir, pour discuter de l'avenir de cette coalition.
Celle-ci avait conditionné le maintien de la coalition sortante au départ du ministre des Finances Arni Mathiesen et du gouverneur de la Banque centrale David Oddsson, deux proches du Premier ministre très influents.
L'Islande, petite île de 320.000 habitants non membre de l'Union européenne, qui avait basé sa prospérité sur un secteur bancaire hypertrophié, a vu son économie terrassée par la crise internationale à l'automne.
En octobre, le gouvernement a été contraint de prendre le contrôle à la hâte des trois premières banques du pays, à court de liquidités, suscitant la colère des habitants dont beaucoup ont été ruinés.
Le pays des geysers, l'un des Etats les plus prospères de l'ocde ces dix dernières années, va connaître une contraction de 9,6% de son économie cette année. Le chômage, jusqu'alors quasi inexistant, devrait toucher 7,8% de la population active.